Intervention de Xavier Iacovelli

Réunion du 2 décembre 2019 à 10h00
Loi de finances pour 2020 — Investissements d'avenir

Photo de Xavier IacovelliXavier Iacovelli :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous devons aujourd’hui étudier les crédits de plusieurs missions et comptes spéciaux. Je ne pourrai donc être exhaustif, mais j’insisterai sur plusieurs points.

La mission « Investissements d’avenir » contient des crédits qui viennent soutenir la vision d’un État stratège. Elle porte des engagements qui dépassent les clivages partisans, tant les enjeux qu’elle sous-tend sont structurants pour la croissance à venir de notre pays.

Le programme d’investissements d’avenir, acté en 2010, a été relancé en 2014, puis en 2017, pour un total de 57 milliards d’euros en autorisations d’engagement. Il a cependant évolué : tandis que sa première incarnation identifiait six axes stratégiques à travers une gestion extrabudgétaire, le PIA 3 a fait l’objet de la création de la mission que nous étudions, composée de trois programmes : « Soutien des progrès de l’enseignement supérieur et de la recherche », « Valorisation de la recherche » et « Accélération de la modernisation des entreprises ».

Il faut se féliciter de ce que les gouvernements successifs aient maintenu leurs engagements à ce titre, mais aussi du fait que les crédits de paiement ouverts pour 2020 soient supérieurs aux engagements prévus en loi de programmation. Le PIA 3 est désormais intégré dans le Grand plan d’investissement présenté au mois de septembre dernier, avec pour objectif de créer un choc d’offre et de doper la croissance du PIB.

Il faut s’en féliciter au regard des justifications économiques des interventions de l’État dans la structuration de filières. Je pense notamment à leur effet d’entraînement – spill over – sur l’ensemble de l’économie, mais aussi au rôle de palliatif qu’elles jouent vis-à-vis des asymétries d’informations entre prêteurs et emprunteurs, qui peuvent empêcher des investissements privés de long terme et qui expliquent que certains secteurs ne parviennent pas à financer des projets de long terme pourtant viables du point de vue économique. Pour le dire autrement, mes chers collègues, le marché ne peut pas tout et l’intervention de l’État a, économiquement, toute sa place.

Je crois d’ailleurs que le choix qui a été fait, dans le PIA 3, de structurer les priorités de l’amont vers l’aval de la chaîne de production, à partir de l’enseignement et de la recherche, et en direction de l’innovation et du développement des entreprises, se révèle utile, tant il est difficile d’identifier les nouveaux produits ou les nouvelles technologies qui émergeront à l’avenir.

L’État doit organiser le cadre du développement des entreprises et mettre en place une gouvernance adaptée pour soutenir les meilleurs projets. C’est tout l’objet de ce programme, aux côtés des opérateurs chargés de sa mise en œuvre : la Caisse des dépôts et consignations, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), Bpifrance et l’Agence nationale de la recherche.

Cette intervention a d’autant plus de sens que les taux d’intérêt sont faibles. Ce n’est pas moi qui le dis, mais les économistes de toutes chapelles, notamment Laurence Boone, cheffe économiste de l’OCDE.

Cette faiblesse des taux d’intérêt est retracée dans le programme 117 de la mission « Engagements financiers de l’État ». Selon moi, si tous les groupes politiques partagent le même souci de bonne tenue des finances publiques, nous pouvons nous réjouir que les crédits alloués à la charge de la dette et à la trésorerie de l’État aient diminué entre la loi de finances pour 2019 et le projet de loi de finances pour 2020, passant de 42 milliards d’euros à 38 milliards d’euros. Rappelons que c’est le niveau prévisionnel le plus faible depuis 2002, alors même que l’État assume cette année la reprise de la dette de SNCF Réseau.

Je crois que nous pouvons d’ailleurs, sans l’écarter pour autant, minorer le risque qu’une hausse des taux pourrait faire peser sur la soutenabilité de la dette publique. En effet, la France a profité de la faiblesse des taux d’intérêt pour allonger l’échéance de sa dette : parce que la dette publique présente aujourd’hui une maturité assez longue, une hausse des taux d’intérêt ne devrait pas se traduire immédiatement par une hausse des intérêts à verser.

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