Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la discussion budgétaire qui nous réunit en cette fin de matinée porte sur les missions « Remboursements et dégrèvements », « Engagements financiers de l’État » et « Investissements d’avenir » pour l’année 2020.
La mission « Remboursements et dégrèvements » constitue, en volume, la plus importante du budget général de l’État : les crédits ouverts s’établiront à 141 milliards d’euros en 2020, soit le tiers des recettes fiscales brutes et près de la moitié des recettes nettes. Ils représentent une hausse de 6 milliards d’euros par rapport à la loi de finances initiale pour 2019.
Dans les grandes masses, cette augmentation s’explique, malgré le recul des dépenses contentieuses, par la mise en œuvre du prélèvement à la source, du dégrèvement de taxe d’habitation pour 80 % des ménages, ainsi que par la suppression du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), dont le coût en matière de remboursements et dégrèvements avoisine les 10 milliards d’euros, malgré la transformation du dispositif en réductions de charges sociales.
Monsieur le ministre, cette nouvelle augmentation de près de 4 % des crédits de la mission n’est-elle pas la conséquence d’une politique fiscale construite avec délice sur la multiplication de dérogations foisonnantes, qui la rendent souvent illisible et injuste ?
J’en viens aux crédits de la mission « Engagements financiers de l’État », destinés à assurer le financement de l’État en toutes circonstances, à garantir ses positions liées au développement international de l’économie française et à favoriser les politiques d’épargne. Cette mission couvre presque exclusivement la charge de la dette publique, qui représente 99 % de ses crédits. La dette française atteindrait ainsi 98, 7 % du PIB à la fin 2020, soit plus de 40 points de plus que l’Allemagne l’an prochain et près de 40 points de plus que notre propre ratio voilà seulement douze ans.
Je tiens ici à saluer le rapport spécial de Nathalie Goulet. Certes, il est très alarmant, mais parfaitement lucide, car solidement étayé.
Nous pourrions nous féliciter de la baisse des crédits de la mission, qui sont en reflux de 4 milliards d’euros, d’autant plus qu’elle résulte principalement de la diminution de la charge de la dette. Cependant, celle-ci n’est que la conséquence de taux d’intérêt extrêmement favorables, nullement le fruit d’efforts consentis par notre pays en faveur de la réduction de la dépense et du désendettement publics.
D’ailleurs, la dette de l’État, en valeur nominale, est en nette augmentation, puisqu’elle devrait passer de 1 806 milliards d’euros en 2019 à 1 891 milliards d’euros en 2020. C’est une charge terrible qui est ainsi transmise aux générations futures, sur les épaules desquelles va peser le fardeau d’une dette à laquelle elles n’auront jamais consenti.
Il faut en effet avoir à l’esprit que, en 2020 encore, sur quatre euros de dépense publique, un euro sera financé par la dette. Cela signifie concrètement que l’impôt aujourd’hui sert non pas à résorber l’endettement de l’État, mais à financer de nouvelles dépenses, en plus de celles qui sont déjà prévues.
Non seulement nous vivons à crédit, sur les dépenses des générations futures, mais, au surplus, nous obérons notre capacité d’investissement public. Dans un contexte marqué par l’incertitude géoéconomique et géostratégique et par des perspectives de croissance pour le moins dégradées, il est urgent d’engager un réel effort structurel de désendettement, afin que soit tenu l’objectif fixé par le Gouvernement d’une réduction de la dette publique à hauteur de 5 points de PIB.
Il s’agit tout à la fois de nous préserver de toute difficulté en cas de remontée soudaine des taux d’intérêt, de nous ménager d’indispensables marges de manœuvre et, de façon moins anecdotique qu’on ne le croit, de respecter les engagements pris devant les Français par le Président de la République au début du quinquennat.
Je dirai enfin un mot sur la mission « Investissements d’avenir ». Le programme d’investissements d’avenir, qui est aujourd’hui en phase 3, constitue un soutien public de 10 milliards d’euros à l’enseignement supérieur, à la recherche et à la modernisation des entreprises. Si nous ne pouvons que nous réjouir de l’objectif affiché, nous demeurons vigilants, je tiens à le redire ici, sur les évaluations qui doivent être conduites en la matière.
Quoi qu’il en soit, suivant les avis de la commission des finances, le groupe Union Centriste adoptera les crédits de ces trois missions.