Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je vais maintenant vous lire l’intervention de mon collègue Cédric Perrin, co-rapporteur pour avis du programme 146 « Équipement des forces » :
« Madame la ministre, la hausse des crédits du programme sera perceptible en 2020, au travers de livraisons importantes et du niveau très élevé des commandes. Cela explique que notre commission soit favorable à l’adoption des crédits de la mission.
« Au-delà de ces éléments très positifs, je veux revenir sur le dossier très sensible du drone MALE – Medium Altitude Long Endurance. L’idée des coopérations européennes en matière capacitaire est simple et connue : en mutualisant les coûts de développement, d’une part, et en augmentant le nombre d’exemplaires produits du fait des besoins cumulés des différents pays européens participant au programme, d’autre part, on espère obtenir un matériel de meilleure qualité à un coût moindre.
« Évidemment, ces objectifs louables contrastent avec les difficultés inhérentes à tout partage de décision entre plusieurs pays. Les écueils sont de deux natures.
« Le premier est le risque de « sur-spécification » : on finit par chercher à produire un mouton à cinq pattes.
« Le second écueil a trait à la logique industrielle, c’est-à-dire, pour parler crûment, l’absence de logique industrielle qui conduit d’abord, pour un pays, à réclamer la partie sur laquelle il est le moins compétent pour chercher à monter en gamme et acquérir une compétence. Ensuite, il y a la logique de retour géographique qui consiste à toujours réclamer pour son industrie une part au moins égale à son apport dans le financement du programme.
« Quand on combine ces deux écueils, on rencontre les difficultés qu’a connues l’A400M. S’agissant de l’Eurodrone, toute la question est donc de savoir s’il est parvenu à éviter ces obstacles. Au terme de nos auditions, nous ne sommes pas rassurés sur ce point. Pouvez-vous nous dire, madame la ministre, où nous en sommes exactement ?
« Il semble notamment que le prix constitue une difficulté majeure : il pourrait être surévalué de près de 30 %. Notre inquiétude est que, à ce prix-là, les États participant au programme n’achètent pas, ou pas dans les quantités promises, sans même parler des perspectives d’exportation, qui seraient compromises si le prix se révélait trop élevé.
« La tentation peut alors exister, même pour les pays qui ont participé à ce programme, d’acquérir un matériel non européen ou, du moins, d’acheter un vecteur sur étagère pour y greffer une charge nationale. La faisabilité d’une telle solution de repli reste évidemment à expertiser, mais la question du coût a pris aujourd’hui une acuité particulière.
« Il reste quinze jours aux industriels et à la direction générale de l’armement (DGA) pour se mettre d’accord. Il faut souhaiter que ce dossier puisse évoluer favorablement, car, rappelons-le, l’Eurodrone doit être l’une des composantes du SCAF. C’est pourquoi nous souhaitons vous faire part de notre préoccupation et recueillir votre analyse actuelle sur le sujet. »