Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le niveau des menaces n’a pas diminué, comme nous en avons fait le constat au début de la semaine dernière. Il justifie les efforts entrepris dans le domaine du renseignement. Les crédits inscrits aux programmes 144 et 212 pour la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et la direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD) concrétisent ce renforcement.
Je formulerai deux observations.
Première observation, le projet de loi de finances pour 2020 traduit le lancement de programmes d’investissements capacitaires : les crédits s’accroissent de 13 % pour la DGSE et de 49 % pour la DRSD en autorisations d’engagement.
Pour la DGSE, cette hausse concerne principalement les grands programmes interministériels et la cyberdéfense, qui font également l’objet, en cours d’exercice, de transferts de crédits complémentaires des services du Premier ministre et des armées.
En effet, la France ne s’est pas dotée d’un service technique de renseignement comme la National Security Agency (NSA) aux États-Unis ou le Government Communications Headquarters (GCHQ) en Grande-Bretagne. Les grands programmes sont développés par la direction technique de la DGSE au profit de l’ensemble de la communauté du renseignement, et certaines capacités cyber sont partagées avec les armées. Il est donc logique que le financement de ces programmes soit mutualisé.
Pour la DRSD, l’enjeu est de renforcer les capacités, tant pour la mise en œuvre des missions de contre-ingérence que pour la détection et la réduction des vulnérabilités dans le secteur de la défense.
Dans l’un et l’autre des services, l’accent est également mis sur les capacités en termes de cyberdéfense.
Seconde observation, les améliorations constatées en matière de gestion des ressources humaines doivent être soulignées.
Les effectifs de la DGSE comme de la DRSD progressent conformément aux prévisions de la loi de programmation militaire. Grâce aux dispositions prises, tant pour améliorer la communication et le recrutement que pour fidéliser certains agents, y compris à travers un assouplissement des règles de rémunération, en 2020, la DRSD devrait combler l’important retard accumulé par rapport à son schéma d’emplois.
Toutefois, dans les deux services, la baisse significative des personnels militaires, qui est due à la difficulté des armées à fournir les personnels nécessaires après des années de déflation et à la difficulté actuelle de remontée en puissance, reste préoccupante, surtout au niveau des sous-officiers. Tous les postes ne peuvent pas être occupés par des civils contractuels, en particulier dans certaines spécialités ou pour pourvoir certaines fonctions déployées à l’extérieur dans les zones de guerre. Faudrait-il créer une filière « renseignement » au sein des armées, madame la ministre ?
Enfin, les difficultés de recrutement et de fidélisation dans les spécialités où le vivier est limité demeurent. Au-delà des rémunérations, le problème a un aspect structurel dans un certain nombre de spécialités. Il me paraît nécessaire que des politiques d’orientation et d’incitation soient mises en œuvre pour promouvoir les filières de formation scientifique et linguistique, ce qui permettrait de réduire ces tensions. Où en êtes-vous, madame la ministre, du dialogue avec les universités et les grandes écoles ?