Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, nous sommes amenés cette année à examiner les crédits de la mission « Défense » dans des conditions très singulières.
Aujourd’hui même, la Nation tout entière a rendu hommage à ses héros.
Treize soldats français morts pour la France, dans la lutte sans merci que notre patrie mène contre le terrorisme, au nom de la liberté et de la paix.
Treize familles meurtries, pour lesquelles nous ne cesserons d’avoir une pensée émue et parmi lesquelles se trouve celle de notre collègue Jean-Marie Bockel. Notre mémoire demeurera intacte.
Face au sacrifice et à l’abnégation de nos soldats, face à leur immense courage, aucun mot ne saurait exprimer la profonde reconnaissance qui est la nôtre. Nous leur devons le respect.
C’est au nom de ce sacrifice que nous, élus de la Nation, devons soutenir le combat qu’ils mènent sans relâche contre l’obscurantisme menaçant nos libertés et la paix.
Notre devoir est de relayer le sens de la mission Barkhane, de ce combat contre le terrorisme au Sahel que nous devons poursuivre.
Comme vous l’aviez affirmé, madame la ministre, ce combat « appartient au temps long ».
Le Mali et le Sahel, en général, sont la proche frontière du sud de l’Europe. Les groupes armés terroristes qui sévissent dans la région déstabilisent les États du Sahel, affaiblissent les autorités locales, usent de la propagande pour délégitimer les opérations militaires internationales sur place, s’en prennent aux militaires déployés et intimident les populations civiles. Dans cette région grande comme l’Europe, ils créent des zones de non-droit qui menacent notre propre sécurité.
Nous nous battons donc pour que le Sahel ne devienne jamais un sanctuaire terroriste à notre porte.
Avec les Britanniques, les Danois, les Espagnols, les Estoniens, les Belges, et bientôt les Tchèques, nous nous battons pour garantir la sécurité du territoire européen. Comme vous, madame la ministre, nous sommes convaincus qu’un sursaut de la part de nos autres partenaires européens est nécessaire, et qu’il est de leur intérêt d’unir nos forces au Sahel.
Ce sujet ne manquera pas d’être évoqué demain, à Londres, à l’occasion du sommet exceptionnel de l’OTAN.
Madame la ministre, devant la Haute Assemblée, vous avez appelé les pays européens à constituer, ensemble, un pilier au sein de cette organisation. Vous avez raison !
Nous vivons un moment crucial. La crise profonde que traverse l’OTAN entache la force de la solidarité et de l’unité entre alliés. Elle nous oblige à réfléchir ensemble sur le sens et l’avenir de l’Alliance atlantique, sur la force stratégique de nos engagements et, plus largement, sur l’architecture sécuritaire de notre continent.
Monsieur le président de la commission des affaires étrangères, vous avez eu les mots justes, vendredi dernier, lorsque vous avez présenté la photographie de l’état instable du monde d’aujourd’hui et évoqué le nécessaire « réveil stratégique de l’Europe, qui doit apprendre à se défendre seule ». Je reprends donc vos paroles, qui résument parfaitement les enjeux de ce sommet à Londres : « il faut utiliser le moment de crise que nous vivons pour aller vers une Europe plus forte dans une OTAN plus forte ».
Pour cela, il est urgent de travailler à la redynamisation des fondamentaux de l’Alliance atlantique et, simultanément, à l’autonomie stratégique européenne et au développement d’une véritable culture stratégique commune, tout en consolidant l’industrie de défense européenne.
Nous ne pouvons donc que soutenir l’action en ce sens du Président de la République, demain à Londres, où un autre dossier brûlant sera d’ailleurs discuté, celui de l’offensive turque dans le nord-est syrien. Cette offensive, qui est venue saper des années d’efforts en matière de lutte contre le terrorisme, a ébranlé, encore une fois, la maison otanienne.
Dans ce contexte géopolitique des plus tendus et des plus incertains, ce budget de la défense pour 2020 est, à la fois, équilibré et ambitieux. Il envoie un message de crédibilité politique à nos partenaires.
Il atteint 37, 5 milliards d’euros à périmètre constant, ce qui représente un effort national de défense de 1, 86 % du PIB et une hausse de 4, 5 % par rapport à 2019.
C’est un budget des engagements tenus, puisqu’il est en tout point conforme à la trajectoire établie lors de la loi de programmation militaire pour les années 2019 à 2025.
Dans cette deuxième année de mise en œuvre de cette loi, un effort particulier est consenti en faveur d’un modèle d’armée « à hauteur d’homme ».
Le renforcement des équipements d’accompagnement et de protection des soldats se poursuit, à travers le déploiement du programme Combattant 2020 et une hausse de 150 millions d’euros des crédits dédiés. Ainsi, en 2020, la totalité des militaires déployés en OPEX seront dotés du nouveau treillis et du gilet pare-balles nouvelle génération.
Le plan Famille lancé en 2018 se poursuivra aussi, et 80 millions d’euros lui seront consacrés. Plusieurs mesures d’action sociale et de reconversion sont prévues.
De plus, ce budget confirme la priorité accordée à la remise à niveau des hébergements au sein d’enceintes militaires, avec un plan Hébergement de 120 millions d’euros, ainsi que 540 millions d’euros pour la maintenance et l’entretien des infrastructures.
Alors que se prépare le chantier de la nouvelle politique de rémunération des militaires, ce budget consacre 40 millions d’euros à l’amélioration de la fidélisation des personnels et de l’attractivité des carrières du ministère. On y trouve notamment la nouvelle prime de lien au service.
Ensuite, avec 14, 7 milliards d’euros de crédits d’engagement et 6, 8 milliards d’euros de crédits de paiement, le budget en forte hausse alloué aux équipements se traduit par du matériel adapté aux besoins de nos armées et au meilleur niveau technologique, comme ce sera le cas avec la livraison du premier sous-marin nucléaire d’attaque, le Suffren, ou encore la poursuite du déploiement du programme Scorpion pour l’armée de terre.
Enfin, nous nous félicitons que, pour la première fois, la dotation initiale prévue au titre des OPEX passe à 1, 1 milliard d’euros, conformément à la loi de programmation militaire. Ce chiffre est à mettre en perspective avec les 450 millions d’euros des années précédentes.
Même si le coût des opérations extérieures est difficilement prévisible, cette réserve est désormais normalisée et plus proche de la réalité. C’est donc, pour ces OPEX, un financement rendu sincère et sécurisé.
Je conclurai en saluant, madame la ministre, votre engagement infaillible auprès de nos armées.
Parce que ce budget est ambitieux, qu’il prépare notre défense de demain et qu’il garantit notre autonomie stratégique, le groupe La République En Marche votera avec conviction les crédits de la mission « Défense ».