Intervention de Emmanuel Capus

Réunion du 2 décembre 2019 à 21h45
Loi de finances pour 2020 — Défense

Photo de Emmanuel CapusEmmanuel Capus :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, plus de 30 000 militaires sont déployés dans le monde, pour défendre notre souveraineté, pour défendre notre liberté et pour défendre nos valeurs. Plusieurs milliers d’entre eux sont actuellement engagés dans les opérations extérieures, dont un millier dans l’opération Chammal, au Levant ; au Sahel, 4 500 militaires sont déployés dans le cadre de l’opération Barkhane.

Au moment où je monte à cette tribune, comme M. Cambon et comme mes prédécesseurs, sont présentes dans mon regard et ma mémoire les images fraîches de ces treize drapeaux couchés sur les cercueils de ces jeunes hommes, qui ont offert le sacrifice suprême. Surtout, comme vous-même, monsieur Cambon, c’est la dignité de ces familles qui me marque le plus, la dignité de ces veuves quittant les Invalides avec leurs enfants, laissant derrière elles le symbole de leur sacrifice.

À l’heure où nous les examinons, c’est peu de dire que les crédits de la mission « Défense »sont essentiels à l’action de la France. Ils définissent nos ressources en hommes et en machines. Nous saluons leur augmentation, conforme à la LPM, indispensable et nécessaire. Cela faisait trop longtemps, madame la ministre, que nous n’accordions pas les moyens nécessaires à notre défense.

Au moment où l’Europe est de plus en plus isolée pour assurer sa défense, la France, qui est l’un des piliers de cette défense, doit disposer d’une armée adéquate, surtout à l’heure où les Britanniques quittent l’Union européenne, même si des partenariats seront possibles. La situation sera cependant plus difficile. Le rôle de notre pays redevient encore plus central.

Alors que la France est isolée et que notre allié américain nous fait de plus en plus défaut, il est primordial que nous construisions l’Europe de la défense, et surtout une autonomie stratégique européenne. Voilà un combat de longue haleine, qui exige du temps et de la persévérance pour convaincre nos alliés. Certains d’entre eux n’attendent qu’une seule chose, le départ de Donald Trump pour mettre sous le tapis cette Europe de la défense que nous avons peut-être, dans les mois à venir, la possibilité de construire.

Des mutualisations existent déjà, je m’en félicite. Tous les programmes ont été rappelés par les orateurs précédents, tout comme les efforts réalisés avec nos partenaires européens – je pense évidemment à la frégate européenne multi-missions (Fremm), à l’hélicoptère Tigre et à nos missiles, que nous construisons grâce à notre coopération avec les Britanniques.

La mutualisation de la production a de nombreux avantages et renforce notre interdépendance. Mais elle présente l’inconvénient politique de devoir s’appuyer sur une Europe puissante, intégrée et politiquement forte. Nous ne pouvons, de ce point de vue, renoncer à l’exportation de nos armes. Construire des armes avec nos amis allemands ne doit pas nous faire renoncer à vendre nos SCAF, nos avions, nos outils et nos armes aux clients que nous souhaitons.

Tout comme mes prédécesseurs, je souhaite saluer la livraison en 2020 du programme Scorpion, qui permettra de mettre un grand coup de balai dans des générations d’armements aujourd’hui obsolètes, parfois conduits par des équipages plus jeunes qu’eux.

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