Il restera 200 millions d’euros de crédits gelés, dont je demanderai le dégel intégral dès que les conditions d’atterrissage de la gestion de l’État seront confirmées, c’est-à-dire à la mi-décembre. Cela nous permettra de consolider les conditions de bonne exécution de la LPM.
Cela étant dit, regardons de plus près comment se décline l’ambition de ce budget pour 2020, selon les quatre axes de la loi de programmation militaire.
Vous le savez, j’ai souhaité mettre l’humain, les civils, les militaires et leurs familles au cœur du ministère, au cœur de nos armées, au cœur de notre action.
Le plan Famille, qui a été décidé au mois d’octobre 2017 – je tiens à rappeler que la moitié des mesures s’appliquent également aux personnels civils –, continue de se déployer partout en France ; je vous remercie de l’avoir noté. Il disposera d’un budget d’environ 80 millions d’euros en 2020, contre 57 millions d’euros en 2019. Ce sont par exemple de nouvelles places en crèches qui seront ouvertes à Mérignac ou à Calvi. C’est encore l’extension du déploiement du wifi en garnison et l’ouverture d’espaces Atlas pour simplifier la vie quotidienne de nos militaires.
Nous consacrons également 120 millions d’euros pour améliorer les conditions d’hébergement des militaires, notamment des militaires du rang de l’armée de terre, qui en ont parfois bien besoin. C’est pourquoi 540 millions d’euros iront à la maintenance et à l’entretien des bâtiments et des infrastructures. Je sais que vous êtes particulièrement vigilants sur ce sujet.
Ce projet de loi de finances n’oublie personne. Nous veillons également à améliorer les conditions de travail et de vie des agents civils du ministère des armées.
Au total, 300 emplois seront créés en net en 2020 pour renforcer les domaines prioritaires du ministère, à savoir le renseignement, la cyberdéfense et le numérique.
Ce projet de loi de finances n’oublie pas non plus les équipements du quotidien indispensables à nos forces. Par exemple, conformément à nos engagements, 100 % des militaires déployés en OPEX seront dotés en 2020 du nouveau treillis ignifugé, qui les protège mieux, et 12 000 nouveaux fusils HK416F seront distribués.
Les petits équipements du quotidien faisaient partie des promesses de la LPM ; nous tenons les engagements. Ce ne sont pas les seuls matériels vieillissants. Nous poursuivons cette année le renouvellement des capacités opérationnelles de nos armées.
Ce projet de loi de finances accélère la modernisation et le renouvellement de nos équipements. Je vous donne deux chiffres : en 2020, le montant des autorisations d’engagement inscrit dans le budget sera de 14, 6 milliards d’euros pour les programmes à effet majeur, soit une progression de près de 85 % en un an.
Il s’agit aussi d’un budget qui poursuit le vaste programme de renouvellement des capacités opérationnelles de nos armées. Beaucoup d’entre vous ont cité des exemples : l’arrivée des Griffon, 128 pour être exacte, la livraison des quatre premiers blindés Jaguar, du sous-marin Suffren, ou encore du troisième avion ravitailleur MRTT Phénix. J’ajouterai un autre chiffre parlant : sur la hausse de 1, 7 milliard d’euros, deux tiers seront consacrés aux programmes d’armement majeurs pour nos armées.
Comme vous pouvez le constater, chacune des armées pourra ressentir les effets de la remontée en puissance portée par cette LPM.
Ce budget pour la défense, c’est aussi la consolidation de notre autonomie stratégique et une contribution supplémentaire à celle de l’Europe.
Nous ne perdons pas de vue la préparation aux conflits du futur et l’innovation pour que nos forces aient toujours l’avantage sur le terrain, avec 821 millions d’euros spécifiquement consacrés à l’innovation à travers les contrats et études amont pour concevoir les technologies de demain. Il s’agit d’une hausse de 8 % par rapport à 2019. En outre, 448 millions d’euros seront consacrés à développer nos capacités spatiales et renouveler nos satellites. L’effort en matière de dissuasion se poursuivra, avec 185 millions d’euros de crédits d’études amont. Et de nouveaux cybercombattants vont rejoindre les rangs ; l’objectif est d’en recruter 1 000 d’ici à 2025.
Je ne répondrai pas à toutes les interpellations ou questions qui m’ont été adressées par les différents orateurs, car mon temps de parole est également compté ; je vous prie de bien vouloir m’en excuser. Je souhaite néanmoins répondre sur deux points particuliers qui ont été soulevés par les rapporteurs quant aux programmes structurants en cours de construction.
Je le rappelle, une étude d’architecture est d’ores et déjà engagée sur le SCAF. L’étape suivante est la réalisation de démonstrateurs technologiques. Je vous confirme les progrès dans les discussions qui ont lieu en ce moment entre Safran et MTU sur le moteur. Nous attendions une offre dans les prochains jours pour pouvoir notifier les contrats d’ici à la fin du mois de janvier ; je suis heureuse de vous annoncer que nous venons de la recevoir.
L’Eurodrone est un autre programme important. Cela a été dit, il appartient aux industriels de nous adresser une offre répondant aux attentes et aux besoins de nos armées tout en respectant l’enveloppe budgétaire fixée. Nous ne transigerons pas sur ces attentes de nature différente, mais qui sont néanmoins complémentaires. La souveraineté a un coût, mais pas n’importe lequel.
La responsabilité du ministère est de poursuivre sa transformation, de simplifier et d’améliorer la performance de ses processus. Vous le savez, c’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Je m’assure continuellement que les chantiers de transformation et de modernisation du ministère avancent dans la bonne direction.
J’ai souhaité commencer par moderniser le ministère au plus près du terrain ; je vous remercie de l’avoir noté. Ainsi, les commandants de base de défense disposent aujourd’hui de plus de latitude et de moyens pour agir.
Mais il fallait aussi revoir l’organisation des états-majors, des directions et des services, pour les recentrer sur leurs missions stratégiques, les faire mieux travailler ensemble, les rendre plus efficaces, et dégager des effectifs pour les redéployer sur les fonctions prioritaires.
C’est en ayant cela à l’esprit que nous réduisons le nombre de strates hiérarchiques, que nous faisons en sorte de briser les silos et que nous délocalisons certains de nos services sur les territoires hors d’Île-de-France. Je suis particulièrement attachée à la qualité d’exécution des décisions que nous prenons. C’est bien sur le terrain que nos réformes prennent corps et que la loi de programmation militaire doit être mise en œuvre.
J’en arrive au terme de ce tour d’horizon du budget pour 2020 de la mission « Défense ». Pour résumer en quelques mots, c’est un budget au rendez-vous des engagements de la LPM 2019-2025, un budget qui accélère les investissements en matière d’équipements, qui appuie notre volonté de concevoir et déployer des mesures à hauteur d’homme et qui confirme nos ambitions.