L'automatisation vient de loin : la première révolution a été la carte perforée. Puis sont venus Taylor et Ford, dont les méthodes ont été importées en France par Citroën. Dans les années 1980, on a arrêté le travail à la chaîne dans l'industrie et sont arrivées les premières machines assistées qui ont permis de régler la question de la pénibilité sur les chaînes industrielles.
Dans mon département, un centre de l'Association France handicap (APF) qui accueille des handicapés lourds a investi dans des automates et des solutions de domotique. Cela n'a pas supprimé d'emplois, mais cela a amélioré le service rendu, par exemple pour ouvrir les fenêtres automatiquement. La robotisation pourrait au passage faire revenir des activités qui ont quitté le territoire pour des raisons de coût de la main d'oeuvre. En automatisant on redevient compétitifs, par exemple dans le textile.
On sait que les reconversions sont difficiles, car un ouvrier spécialisé ne se transforme pas en ingénieur mais l'adaptabilité est indispensable et passe par de la formation. Je me souviens toutefois qu'il y a 40 ans, on disait déjà aux jeunes qu'ils devraient changer deux ou trois fois de métier dans leur parcours professionnel. Donc l'exigence d'adaptabilité n'est pas très nouvelle.
L'opacité des algorithmes est un point d'inquiétude : un homme est capable d'expliquer ses décisions, parfois ses erreurs. Que sait-on de la manière dont raisonne un algorithme ? Peu de choses. Je préfère avoir à discuter avec un homme plutôt que dépendre d'un algorithme que personne n'est capable d'expliquer.