Intervention de Brigitte Lherbier

Réunion du 3 décembre 2019 à 9h30
Questions orales — Devenir de la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires

Photo de Brigitte LherbierBrigitte Lherbier :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), créée en 2002, a pour mission d’observer et d’analyser le phénomène des dérives sectaires, d’informer le public sur les risques que celles-ci représentent et de coordonner l’action préventive et répressive des pouvoirs publics.

Il était justifié que la Miviludes, composée d’une équipe interministérielle permanente, pour plus d’efficacité, fût placée sous l’autorité du Premier ministre. La rationalisation des services de celui-ci ne doit pas conduire à la suppression ou à la restructuration de cette mission au sein du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation.

En effet, le sujet des dérives sectaires ne saurait être soluble dans la problématique de la prévention de la radicalisation, sauf à vouloir faire un cadeau aux groupes sectaires… Prendre une décision en ce sens reviendrait à méconnaître totalement la dangerosité du phénomène sectaire, le nombre de ses victimes ainsi que l’efficacité de la structure interministérielle.

Enfin, les personnes radicalisées ont un profil et un parcours totalement différents de ceux des personnes sous l’emprise d’une secte ; ils n’ont rien de commun.

J’ai dirigé pendant vingt-cinq ans les études des étudiants de l’Institut d’études judiciaires de Lille II. Sur ma demande, la présidente départementale du Centre national d’accompagnement familial face à l’emprise sectaire (Caffes), Mme Charline Delporte, qui m’avait été présentée par M. le préfet, faisait part aux étudiants des violences, visibles ou non, subies par les enfants placés sous l’emprise de mouvements sectaires, afin de sensibiliser les futurs avocats et magistrats à ces problèmes. Je la faisais venir tous les ans, et l’impact en était extrêmement fort. Cela représente tout de même, sur toute la France, 60 000 à 80 000 mineurs.

Le travail des associations est plus que nécessaire ; soutenez leur action, monsieur le secrétaire d’État, montrez qu’elles sont extrêmement importantes. Nous voudrions être rassurés, ne pas avoir le sentiment que le Gouvernement diminue sa vigilance et laisse tomber la lutte contre les dérives sectaires en supprimant un outil que le monde entier nous envie.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion