Intervention de Amélie de Montchalin

Réunion du 3 décembre 2019 à 9h30
Questions orales — Stratégie de fermeture des consulats

Amélie de Montchalin :

Monsieur le sénateur, vous m’interrogez sur la situation du consulat de Moncton ; les décisions que vous avez évoquées s’inscrivent dans la revue que nous faisons dans le cadre de notre programme Action publique 2022. Ce programme est adossé à une vision stratégique ; il est d’ailleurs assorti de moyens de dématérialisation – je viens d’en parler – permettant, même si certains postes sont fermés, qu’un certain nombre de services restent accessibles et soient même plus pratiques d’accès qu’auparavant, y compris là où un bureau physique existait.

Je tiens à vous rassurer sur l’importance politique des consulats généraux, que nous maintenons ouverts avec de vrais moyens – nous les préférons à une multiplication de points de contact auxquels font défaut les moyens de leur rayonnement efficace.

Moncton a une histoire particulière : ce consulat avait été installé dans la ville en 1964 par le général de Gaulle pour réaffirmer nos liens avec la communauté acadienne. Comme l’a dit Jean-Yves Le Drian la semaine dernière, ce consulat sera maintenu.

Cette décision s’explique par l’attachement de la France à l’Acadie et par la volonté du Gouvernement de défendre la francophonie, puisque le Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue du Canada, en plus d’être, avec le Québec, membre à part entière de l’Organisation internationale de la francophonie. Nous jouerons depuis ce consulat un rôle essentiel dans l’intégration de Saint-Pierre-et-Miquelon dans son environnement régional – je sais que vous êtes sensible à ce sujet, monsieur le sénateur.

Dans le cadre de la densification de nos relations politiques et économiques avec le Canada et notamment de l’accord économique et commercial global (CETA) entre l’Union européenne et le Canada, il nous semblait important, pour notre diplomatie économique, que ce consulat soit maintenu.

Plus largement, nous ne menons pas une politique de « planter de drapeau », mais de présence stratégique. Dans certains lieux, justement parce que nous dématérialisons les procédures, et parce que nos concitoyens eux-mêmes utilisent de plus en plus ces procédures dématérialisées, la présence physique n’est pas forcément la plus utile ; il faut, en tout cas, qu’elle évolue.

Nous cherchons dans chaque pays, avec les ambassadeurs, avec les communautés françaises, à définir le meilleur mode de présence et les meilleurs outils. Certains de nos consulats sont devenus des consulats de rayonnement culturel et scientifique ; certains ont des périmètres d’action plus restreints, lorsque cela correspond aux besoins du pays. Ce qui est certain, c’est que la stratégie française voulue par le Président de la République consiste à promouvoir une présence utile et décisive, et à apporter aux Français qui habitent à l’étranger des services modernes. D’où l’importance de la dématérialisation, de la numérisation, de l’accès à des services publics de qualité, même si cela veut dire que certains de nos concitoyens résideront plus loin, en effet, de leur consulat.

Pour avoir moi-même vécu…

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