Intervention de Frédéric Marchand

Réunion du 3 décembre 2019 à 9h30
Questions orales — Fermeture annoncée du consulat de france à moncton

Photo de Frédéric MarchandFrédéric Marchand :

La France avait pris la décision de fermer son consulat dans les provinces de l’Atlantique du Canada en 2022. Au lendemain de la diffusion de cette décision, l’émotion était à son comble dans la communauté française, mais aussi et surtout dans toute la communauté acadienne.

En octobre 2018, le Président de la République affirmait pourtant aux représentants de 84 nations réunis à l’occasion du sommet de la francophonie, à Erevan, que « la francophonie sera une force dans la mondialisation » et qu’« il faudra utiliser tous les outils pour cela ».

Madame la secrétaire d’État, comment la France pouvait-elle prétendre vouloir être solidaire du fait français en Amérique du Nord et, d’un même mouvement, tourner le dos aux Acadiennes et aux Acadiens en imaginant fermer ce consulat ?

Le consulat général de France dans les provinces de l’Atlantique est un outil formidable de création de richesses. Son impact a été grand, en Acadie, depuis son ouverture. Sa présence a permis de confirmer le caractère privilégié des relations entre le peuple acadien et le gouvernement français et a été à l’origine, comme vous l’avez dit, du développement de plusieurs ententes de coopération entre la France et l’Acadie.

Ce consulat a également facilité de nombreuses initiatives entre l’Acadie et la France : partage d’expertise, développement de liens économiques, mobilité des jeunes, avec la mise en œuvre de bourses, développement d’ententes entre institutions postsecondaires, mobilité et promotion d’artistes.

Le consulat est aussi un acteur clé dans le développement des relations triangulaires entre la France, l’Acadie et le Québec, tant sur le plan économique que sur le plan culturel.

Alors qu’une vingtaine de collectivités françaises entendent renouveler leurs jumelages existants avec des communautés acadiennes ou travaillent à en faire naître de nouveaux, alors que de nouvelles perspectives d’échanges apparaissent, la pertinence de cette présence consulaire est plus qu’avérée.

Si le consulat était appelé à fermer ses portes, le flux d’immigration française dans les provinces de l’Atlantique risquerait également de décliner, au moment où chacun voudrait le voir augmenter.

Les acteurs politiques, économiques, associatifs des provinces atlantiques ont donc décrété la mobilisation générale pour appeler la France à revenir sur cette décision qui aurait eu des conséquences catastrophiques et aurait été vécue comme un nouvel abandon après le tragique épisode de 1755.

Prix Goncourt 1979, Antonine Maillet a pris la plume pour rappeler au Président de la République « la ferme volonté d’une communauté de poursuivre la lutte qui dure depuis quatre siècles pour garder vivant l’un des fleurons de la France doublement millénaire transplanté en Amérique ».

Madame la secrétaire d’État, l’appel de tout un peuple pour qui l’amour de la France transcende tous les clivages a été entendu, et nous pouvons, collectivement, nous en réjouir.

Vous avez confirmé cette décision annoncée ici même par M. le ministre des affaires étrangères. Mais pouvez-vous préciser les intentions de la France, là où il s’agit de donner un nouvel élan à la coopération avec les provinces canadiennes atlantiques et de réaffirmer le lien étroit de notre pays avec l’Acadie ?

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