Intervention de Corinne Feret

Réunion du 3 décembre 2019 à 9h30
Questions orales — Bateaux-usines et surpêche dans la manche

Photo de Corinne FeretCorinne Feret :

Des artisans pêcheurs du Calvados, département que je représente au Sénat, m’ont fait part de leurs vives inquiétudes quant aux conséquences de l’activité de chalutiers industriels géants, qu’il serait plus juste d’appeler « usines flottantes », qui sillonnent la Manche. Je souhaite ici être leur porte-parole.

Mesurant parfois plus de 140 mètres de long et pouvant collecter 250 tonnes de poissons en une seule journée, soit l’équivalent annuel de cinq bateaux normands, ces navires-usines pillent tout, détruisent une partie des fonds marins, de la flore, de la faune, avant de recommencer ailleurs.

Techniques industrielles non raisonnées, impacts écologiques catastrophiques, mise en danger des ressources et des espèces : cette pêche au large des côtes normandes est une menace pour la ressource halieutique. Tout le monde sait que la politique européenne des quotas est d’abord dictée par la préservation des espèces et de la biodiversité et par la lutte contre le gaspillage. Il est donc difficile de comprendre qu’on laisse faire de tels « ogres des mers » !

Après le passage dans la Manche d’un « monstre de la pêche » comme le Margiris, navire néerlandais, que pensez-vous qu’il reste, madame la secrétaire d’État, pour nos artisans pêcheurs qui travaillent dur et honnêtement toute l’année et qui, eux, régulent de fait leur production ?

Alors que les pêcheurs du Calvados ont su mettre en place un modèle économique pérenne et respectueux de l’environnement, il ne peut être toléré que cet équilibre vertueux, mais fragile, soit mis en danger par une telle concurrence déloyale.

Dans une période où le Brexit suscite déjà beaucoup d’inquiétudes, la France doit plus que jamais défendre sa vision d’une gestion raisonnée de la pêche : une pêche artisanale, durable et responsable.

Aussi, j’aimerais savoir si le Gouvernement compte agir au niveau européen pour demander une révision de la politique commune de la pêche et ainsi faire cesser toute pratique synonyme de désastre pour l’économie locale liée à la pêche et pour l’environnement, et, le cas échéant, dans quel cadre et à quelle échéance.

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