Intervention de Jean-Paul Emorine

Réunion du 3 décembre 2019 à 21h30

Photo de Jean-Paul EmorineJean-Paul Emorine :

Monsieur le ministre, je me souviens de vos interventions pertinentes sur l’agriculture en commission de l’économie, du développement durable et de l’aménagement du territoire.

Mes collègues ont beaucoup parlé du budget ; je voudrais, quant à moi, évoquer le revenu des agriculteurs.

Dans mon département, les centres de gestion ont déjà établi les prévisions de résultats des exploitations. Le discours prononcé par le Président de la République à Rungis le 11 octobre 2017, ouvrant la perspective d’un revenu décent pour l’ensemble des agriculteurs, avait fait naître un espoir.

La loi Égalim était censée régler toutes les problématiques de la contractualisation : aux termes de cette loi, c’est l’interprofession qui devait se mettre d’accord sur les prix en tenant compte des coûts de production.

Le Gouvernement, alors, n’avait pas retenu les propositions du Sénat : nous avions notamment demandé que les coûts de production soient chiffrés par FranceAgriMer, l’Établissement national des produits de l’agriculture et de la mer, ou par l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires. Nous constatons aujourd’hui, monsieur le ministre, que, depuis trois ans, le revenu des agriculteurs baisse.

Je vais vous donner des chiffres qui sont ceux de la Saône-et-Loire, mais qui sont transposables au niveau national : le revenu des éleveurs est en baisse depuis trois ans, y compris si l’on prend en compte les aides au titre de la PAC et des dégrèvements de taxe sur le foncier non bâti. On constate surtout, depuis trois ans, une décapitalisation du cheptel. Un tiers des éleveurs ont des revenus inférieurs à 500 euros par mois, un tiers gagnent aux environs de 1 000 euros par mois, sans compter les résultats négatifs, et un dernier tiers plus de 1 000 euros par mois.

Les agriculteurs, et surtout les éleveurs, ont aujourd’hui beaucoup de difficultés à promouvoir l’installation de jeunes et à transmettre les exploitations. Même des agriculteurs qui ont terminé leurs investissements, dont l’âge se situe entre cinquante et soixante ans, s’apprêtent à quitter leur exploitation pour s’orienter vers un autre métier !

Quant au revenu des céréaliers, avec la crise de la sécheresse, monsieur le ministre, il est, en 2019, inférieur à celui des éleveurs.

C’est le désespoir qui règne aujourd’hui dans le monde agricole. Je rappelle que l’élevage et les grandes cultures occupent à peu près 50 % de la superficie de notre territoire. La viande et les céréales se vendent au même prix qu’en 1985 : quelle autre profession accepterait de vendre sa production à un prix inchangé depuis trente-cinq ans ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion