Intervention de Didier Guillaume

Réunion du 3 décembre 2019 à 21h30

Photo de Didier GuillaumeDidier Guillaume :

Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, c’est toujours un plaisir de venir débattre devant votre assemblée, à laquelle j’ai appartenu un certain nombre d’années et qui est celle qui connaît le mieux les territoires. C’est pourquoi elle est à même d’évoquer l’avenir de la ruralité. Car nous allons peu parler de budget ce soir, mais beaucoup de ruralité et d’agriculture. C’est la vocation et la responsabilité de la chambre haute de se saisir de ces sujets.

Vous avez choisi très majoritairement, semble-t-il, de vous opposer à ce projet de budget. La question est la suivante : y aura-t-il encore demain une agriculture en France ? Comment parvenir à relier les deux France qui s’opposent de plus en plus ?

Mesdames, messieurs les sénateurs, vous connaissez la France, vous connaissez la ruralité et, pour nombre d’entre vous, vous connaissez les paysans pour appartenir ou avoir appartenu au monde agricole. Le pays se tend et s’étire, comme un élastique. Il risque de lâcher un jour. À un bout se trouvent nos concitoyens des métropoles ; à l’autre, les habitants des petites villes et des villages. Comme on l’a vu il y a plus d’un an sur les ronds-points, ils ont un rapport différent à la mondialisation. Ils ont un rapport différent à la nature : les uns y vivent et y travaillent, les autres se contentent de la contempler. Ils ont également un rapport différent au temps : le temps de la campagne, des plantations et des semis est beaucoup plus long que celui des tweets et des smartphones !

Les questions relatives à l’agriculture et à l’alimentation, qui devraient réunir nos concitoyens, grossissent au contraire ces oppositions et deviennent sources de tensions, d’incompréhension et, trop souvent, de division.

En débattant du projet de budget de l’agriculture, c’est à la question suivante que nous devons répondre : est-il encore possible de maintenir l’unité nationale des territoires ? Cette préoccupation est au cœur de notre mission de responsables politiques, particulièrement au sein de la chambre haute. La diversité des opinions représentées sur vos travées doit pouvoir nous aider, car vous êtes tous animés de la volonté de préserver cette unité, même si vous ne proposez pas forcément tous de suivre le même chemin pour y parvenir.

Veiller à l’unité de nos territoires, c’est d’abord refuser la stigmatisation de nos paysans, comme vous avez été nombreux à l’exprimer à cette tribune. Au risque de me répéter, je veux dire de nouveau ici, au nom du Gouvernement et en mon nom personnel, que les agriculteurs ne sont ni des empoisonneurs ni des pollueurs. Le Gouvernement n’accepte pas cette stigmatisation, …

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