Ma question s’adresse à M. le secrétaire d’État auprès de la ministre des solidarités et de la santé.
Il s’appelait Jess, il avait 17 ans. Il était sous la protection de l’aide sociale à l’enfance (ASE) des Hauts-de-Seine. Mercredi dernier, nous avons appris avec tristesse et colère la mort de ce jeune, poignardé par un autre jeune de 15 ans, lui aussi placé.
Ce drame s’est déroulé dans un hôtel de Suresnes qui accueille des populations fragiles, souvent placées par le 115. Un hôtel, monsieur le secrétaire d’État, où étaient hébergés trente enfants, « faute de mieux ». Certains d’entre eux avaient 13 ans seulement et étaient livrés à eux-mêmes, sans référent, sans éducateur, sans suivi médical et psychologique.
Est-ce une solution d’hébergement acceptable pour des enfants plus vulnérables que les autres en raison de leur parcours de vie ? Les travailleurs sociaux, les personnels de l’ASE, sont souvent le seul lien qui reste pour ces jeunes. Dès lors, comment accepter qu’ils aient sous leur responsabilité entre soixante et quatre-vingts enfants ? Désespérés, ils nous avaient alertés : « Si cette inaction perdure, un drame va se produire. » Ce drame est arrivé.
Nous le savons, monsieur le secrétaire d’État, la plupart des départements mènent une politique volontariste, malgré des contraintes économiques importantes, et nous devons les accompagner davantage. Mais, dans le même temps, d’autres départements enregistrent des excédents budgétaires faramineux et continuent de fermer des structures, de supprimer des postes et abandonnent les enfants sous leur protection, relégués à n’être que de simples variables d’ajustement budgétaire.
Vous avez d’ailleurs demandé à l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) de mener une mission de contrôle de l’aide sociale à l’enfance dans les Hauts-de-Seine et de dresser un état des lieux complet au niveau national sur la question de l’hébergement. Je tiens à saluer cette initiative.
Monsieur le secrétaire d’État, le plan que vous avez présenté le 14 octobre dernier permettra – je le souhaite – d’améliorer la prise en charge des enfants placés. Mais nous ne pouvons plus accepter l’inaction de certains, qui, par choix politique, refusent délibérément de prendre leurs responsabilités.
Ma question est simple : monsieur le secrétaire d’État, engagerez-vous le processus législatif pour refuser les hébergements hôteliers sans encadrement afin d’éviter que de tels drames ne se reproduisent ?