Les robots vont-ils rendre l’homme obsolète au travail ? Au travers de notre rapport d’information, nous avons essayé de répondre à cette question que nous nous posons tous.
On voit bien qu’un certain nombre d’évolutions importantes surviendront dans les années à venir et que, en fait, la robotisation n’aboutira pas forcément à une régression. Toujours est-il qu’il nous faudra rester particulièrement vigilants, d’autant que, au fil des ans, un certain nombre d’emplois, notamment intermédiaires, seront progressivement déstructurés : nous devons l’anticiper. Il existe également des risques de délocalisation d’emplois. En outre, une formation trop spécialisée pourrait devenir demain un handicap, compte tenu de la rapidité de l’évolution du monde du travail.
Nous avons constaté d’énormes besoins en matière de formation aux métiers du numérique. À ce jour, les emplois dans ce secteur représentent seulement entre 3 % et 5 % de l’emploi total ; demain, 80 000 ingénieurs et techniciens pourraient manquer en France.
Parallèlement, l’exigence d’adaptabilité va s’accroître. Il faudra relever un certain nombre de défis, tant dans la formation initiale, qui est essentielle, que dans l’enseignement supérieur – pour pouvoir avancer, il faudra apprendre à apprendre – ou dans la formation continue, de manière à pouvoir anticiper les suppressions ou les transformations d’emplois. Par ailleurs, si le CDI est aujourd’hui le Graal, il ne correspond pas forcément aux nouveaux modes d’emploi, notamment au sein des plateformes. Cela devra nous conduire à envisager un certain nombre de mesures sociales.
Nous nous sommes également penchés sur la question essentielle de la régulation de cette évolution technologique, qui ne saurait être bloquée. Il convient d’anticiper son incidence sur les emplois de service à travers l’adaptation de l’appareil de formation.
La régulation de l’automatisation doit se faire à différents niveaux. Ainsi, nous nous sommes interrogés sur la mise en place d’une taxation des robots, sur la régulation sociale, l’acceptation des robots au sein des entreprises requérant de nouvelles négociations sociales, et sur la régulation éthique, la robotisation ne devant pas se faire au détriment des conditions sociales du travail.
Les lois d’Asimov, conçues voilà près de quatre-vingts ans, sont toujours d’actualité : un robot ne doit pas être sans maître, il doit rester contrôlable et ne pas mettre en danger l’homme. L’automatisation ne doit pas servir à reproduire des biais, elle ne doit pas être un outil de manipulation et encore moins un outil d’esclavage, l’homme devenant dépendant du robot, elle ne doit pas conduire à la disparition des relations humaines au sein des entreprises.
L’acceptation de l’automatisation passe par un certain nombre d’adaptations de la société et de l’entreprise. L’homme réussira de toute façon, grâce à ses capacités d’adaptation, à faire en sorte que le robot soit à sa disposition, et non l’inverse.