Intervention de Marc Fesneau

Réunion du 9 janvier 2020 à 10h30
Demain les robots : vers une transformation des emplois de service — Débat interactif

Marc Fesneau :

Tout en suscitant les craintes que vous avez évoquées, monsieur le sénateur Gattolin, l’intelligence artificielle offre des opportunités absolument gigantesques : que l’on songe aux secteurs de la santé, avec la détection du cancer, de la mobilité, avec la voiture autonome, ou encore des réseaux d’énergie.

Vous l’avez rappelé, la France peut s’appuyer sur l’excellence de son école de mathématiques. Pratiquement tous les patrons de l’intelligence artificielle au sein des Gafam sont français, à l’instar de Yann Le Cun, lauréat du prix Turing, l’équivalent du prix Nobel en informatique, et responsable de l’intelligence artificielle chez Facebook.

Pour autant, ces atouts ne suffiront pas.

Effectivement, la bataille de l’intelligence artificielle se jouera au niveau européen, car la France, seule, ne peut résister face à la concurrence mondiale. Chaque année, la Chine et les États-Unis consacrent chacun près de 40 milliards d’euros à l’intelligence artificielle, quand l’effort de l’Europe atteint difficilement les 5 milliards d’euros… Nous risquons tout simplement un décrochage historique. C’est aussi une question de souveraineté : in fine, nous pourrions nous voir imposer des solutions technologiques et des valeurs que nous ne souhaitons pas.

Sous l’impulsion de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et avec la nomination de Thierry Breton, nous assistons à une prise de conscience en Europe, qui mérite d’être concrétisée et amplifiée.

Ainsi, le plan coordonné de la Commission européenne vise à renforcer la compétitivité technologique de l’Union européenne, à anticiper les changements socioéconomiques et à créer un cadre juridique et éthique pour l’intelligence artificielle.

Le programme Digital Europe, doté de 9, 2 milliards d’euros, tend à renforcer les capacités numériques de l’Union européenne dans les supercalculateurs, l’intelligence artificielle, la cybersécurité et les compétences numériques des citoyens.

Le programme Horizon Europe de la Commission européenne concerne la recherche et l’innovation. Il devrait être doté de 100 milliards d’euros, mais vous avez raison d’appeler à la vigilance sur les questions budgétaires.

Enfin, je mentionnerai la création d’une agence européenne pour l’innovation de rupture.

La France s’emploiera, dans les mois à venir, à favoriser une montée en puissance de ces dispositifs. Plus globalement, le sujet de l’intelligence artificielle recoupe celui du nécessaire développement d’un écosystème technologique de niveau critique en Europe. Nous avons trop peu de licornes !

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