Au début du XIXe siècle, les artisans tisserands anglais, rassemblés derrière John Ludd, se soulevèrent contre l’introduction du métier à tisser. La colère populaire se focalisa sur les machines, au motif qu’elles risquaient de priver les travailleurs de leur emploi.
Depuis lors, nos économies se sont numérisées et mondialisées. Les données du problème ont radicalement changé, mais les mêmes craintes ressurgissent immanquablement. On craignait hier pour les emplois industriels ; on craint aujourd’hui pour les métiers des services.
La robotisation va bien évidemment faire émerger de nouveaux emplois, mais d’autres seront voués à disparaître ou à évoluer. De nombreux économistes considèrent que la distinction stricte entre industrie et services est dépassée. Les deux secteurs deviennent de plus en plus indissociables.
Plusieurs tendances sont à l’œuvre, comme le développement de l’économie de la fonctionnalité, privilégiant la prestation d’un service à l’acquisition d’un bien, l’éclatement des chaînes de production entre une multitude d’acteurs ou encore la montée en puissance du travail intérimaire, considéré comme un service même lorsqu’il concerne la production industrielle.
L’exigence de compétitivité nous impose d’être à la pointe des développements technologiques. Cette mutation ne peut se faire sans un accompagnement individuel et la mise en place de formations adaptées pour les personnels concernés.
Monsieur le ministre, comment le Gouvernement compte-t-il accompagner cette mutation ? Quelles mesures entend-il mettre en place pour soutenir la création d’emplois et, corolairement, compenser les pertes ? Quels sont les politiques et les leviers d’accompagnement de ces évolutions techniques et technologiques en matière d’emploi, de marché du travail, de droit du travail à mettre en œuvre pour pouvoir déboucher, comme l’a dit notre rapporteur, sur une « robotisation heureuse » ?