Intervention de Bruno Sainjon

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 4 décembre 2019 à 9h30
Audition de M. Bruno Sainjon président-directeur général de l'office national d'études et de recherches aérospatiales onera

Bruno Sainjon, président-directeur général de l'ONERA :

Tout d'abord, je relaie l'invitation de M. Vial à venir visiter Modane - ou d'autres sites. La première richesse de l'ONERA réside dans ses personnels, leur niveau scientifique, leur dévouement, leurs compétences. N'hésitez pas à les rencontrer.

J'ai par ailleurs omis de répondre à la question sur le calendrier du déménagement. Il s'étale sur une durée de cinq ans. Encore faut-il que l'on puisse embaucher les gens dont nous avons besoin pour mener à bien les opérations, ce qui nous oblige à quelques acrobaties pour trouver d'autres moyens et pouvoir avancer.

S'agissant des drones, au début des années 2000, l'ONERA avait publié deux études sur les drones militaires et civils. Je regrette que celles-ci n'aient pas été prises au sérieux et qu'on ait considéré qu'il s'agissait de doux délires de scientifiques. Dommage qu'Elon Musk n'ait pas adopté la même position !

Je ne voudrais pas qu'on connaisse le même problème sur d'autres sujets. Il y a un certain nombre de choses à faire concernant les drones. Je constate que le jour où on a besoin d'éteindre un incendie, c'est l'ONERA qu'on appelle. Vous vous souvenez du moment où des drones pirates ont survolé des centrales nucléaires, puis l'île Longue. Ce jour-là, je n'ai pas arrêté de recevoir des appels du SGDSN, du ministère de la défense, de la gendarmerie nationale. On a fait ce qu'il fallait pour traiter cette question. Cela a d'ailleurs donné lieu, dans le domaine civil, à un travail approfondi de la DGAC pour essayer de définir des règles cohérentes entre tous les utilisateurs et les acteurs, s'appuyant pour cela sur les compétences et le savoir-faire de l'ONERA.

Vous évoquiez Terriscope, que nous avons inauguré vendredi dernier. Il s'agit d'une source de revenus supplémentaires. Terriscope a notamment obtenu un financement significatif de la région Occitanie, tout comme Modane, qui reçoit régulièrement l'aide de celle-ci. Nous espérons d'ailleurs aboutir avec elle à quelque chose avant la fin de cette année ou en début d'année prochaine. Même des régions où nous ne sommes pas implantés, comme la Nouvelle-Aquitaine, avec qui on signera sans doute une convention en début d'année prochaine, demandent que l'ONERA soit présent. J'ai dit au président Rousset qu'il corrigeait une aberration de l'histoire : on a fait de la région Aquitaine une région très forte en aviation de combat et en dissuasion, sans se rendre compte que le laboratoire français qui travaille sur cette question n'y est pas implanté ! C'est là le chaînon manquant.

Par les temps qui courent, je ne vois pas comment recréer une implantation supplémentaire. On cherche un modus operandi pour les quelques années qui viennent. On verra plus tard si cela soulève des problèmes plus pérennes.

Quant aux essais qui ont lieu à Modane, je précise qu'on ne les a jamais arrêtés pendant les travaux. Certes, certains nous ont échappé. Faute de disposer des effectifs suffisants, on n'a pu donner suite aux demandes de certains clients étrangers. D'autre part, certains essais prévus sur des programmes européens comme Clean Sky sont réalisés dans des souffleries qui ne sont même pas européennes. On peut se demander si nos industriels sont eux aussi cohérents, pour reprendre des mots déjà utilisés.

Concernant les débris, GRAVES n'est pas capable de les repérer. Ce sera également le cas du système sur lequel on travaille. On a une idée de la façon dont il faudrait procéder, mais il faudrait monter à des puissances telles que le système coûterait vraiment beaucoup d'argent.

Il faut peut-être aussi relativiser ce problème de désorbitation quand on sait à quelle distance du satellite sont passés les débris. On en a pas mal parlé à propos d'un satellite de l'Agence spatiale européenne (ESA). On a en effet été amené à le déplacer du fait d'un risque potentiel de collision. Il n'en demeure pas moins que, compte tenu des lancements potentiels de petits satellites en orbite basse, il va falloir s'attaquer à ce problème à un moment ou un autre.

Quoi qu'il en soit, GRAVES n'est pas la réponse à cette question. GRAVES aura coûté 35 millions d'euros au ministère des armées - conception, réalisation, maintien en condition opérationnelle -, très loin des programmes traités dans le cadre du programme 146. Le système que l'on propose pour la suite, dans la mesure où il va leur falloir aller plus loin, et voir des objets plus petits, nécessite une puissance bien plus élevée qui se traduira par un coût plus important. Il faut être réaliste.

Enfin, l'ONERA ne sait pas ce qui se passe du côté de l'ACCS. Je sais simplement, par les conversations personnelles que j'ai pu avoir avec les autorités, qu'il y a effectivement une vraie préoccupation sur cette question à propos du respect des engagements qui ont été pris, mais je ne puis vous faire part d'une expertise à ce sujet.

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