Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mes très chers collègues, ce qui fait l’actualité, hélas, ce sont des actes d’une ignominie telle qu’ils remettent en cause la nature même de notre pacte républicain. Ce sont le lâche assassinat de Mireille Knoll, la mémoire d’Ilan Halimi et de Simone Veil outrageusement bafouée, l’agression d’Alain Finkielkraut, la profanation d’un cimetière juif aujourd’hui même en Alsace, que nous découvrons avec horreur.
Parfois, sous couvert d’antisionisme, les comportements les plus abjects sont permis. Mais gardons-nous, monsieur le Premier ministre, de la tentation d’un nouveau texte de loi élaboré dans l’émotion. Notre arsenal législatif ne nous permet-il pas, déjà, de répondre avec la plus grande des fermetés ?
Toutefois, l’augmentation de 74 % en un an du nombre des actes antisémites doit nous faire réagir. Ceux-ci engagent notre responsabilité collective à analyser les maux dont souffre notre société de plus en plus fragmentée, de plus en plus vulnérable à la manipulation de l’information et des faits historiques ainsi qu’à la propagation d’idéologies haineuses, à l’opposé de nos valeurs républicaines.
Il est, à cet égard, nécessaire de réguler internet et les plateformes, qui permettent tous les débordements. Le Sénat a formulé des propositions très fortes à cet égard. Mais aussi et surtout, il convient de ne pas laisser s’installer l’idée que l’antisémitisme serait une opinion comme une autre. Cela passe d’abord, monsieur le Premier ministre, par des précisions, qui doivent être apportées à la lettre adressée par M. le ministre de l’éducation nationale, le 31 août 2018, aux enseignants, où il est question du respect d’autrui, de la transmission de savoirs fondamentaux et de l’éducation aux valeurs de la République.
Le Sénat examinera prochainement le projet de loi pour une école de la confiance. C’est un véhicule idéal pour permettre aussi de rappeler l’importance et la réalité des faits historiques ainsi que l’importance d’une éducation aux médias et au numérique, encore largement insuffisante aujourd’hui.
Tout nous oblige à un véritable sursaut républicain, mes chers collègues. À l’appel des formations politiques, le grand rassemblement de ce soir à Paris et dans la France entière est très important. Mais, au-delà, monsieur le Premier ministre, quelles mesures vont être prises pour reconstruire ensemble, de toute urgence, le pacte républicain auquel nous sommes profondément attachés ?