Ma question s’adressait à M. le Premier ministre, car j’avais cru comprendre, en lisant ses déclarations sur les fameuses contreparties, qu’il exprimait là une opinion et un souhait personnels. Mais la réponse que Mme la ministre des solidarités et de la santé vient de faire à mon collègue Pascal Savoldelli montre qu’il s’agit en fait d’une orientation de la politique gouvernementale !
Comment peut-on demander des contreparties à des femmes et des hommes que l’on aide à simplement survivre et qui sont, avant tout, des victimes du système économique mondial, à l’origine d’inégalités insupportables ?
On ne cesse de nous jouer la même petite musique, de lier aides sociales et chômage, en soulignant que les entreprises peinent à recruter. On entretient ainsi délibérément une confusion, en donnant à entendre que, s’il y a des chômeurs, c’est parce qu’ils ne veulent pas traverser la rue pour trouver du travail ! Or, même si l’on admet le chiffre de 300 000 emplois non pourvus, ce n’est qu’une goutte d’eau au regard de l’océan du chômage de masse, qui concerne 5, 6 millions de personnes.
Ce qui est en question ici, ce sont les fondements de notre système de sécurité sociale. Telle qu’elle a été conçue au travers des ordonnances de 1945, la sécurité sociale visait à libérer les travailleurs de cette incertitude constante « qui crée chez eux un sentiment d’infériorité et qui est la base réelle et profonde de la distinction des classes entre les possédants sûrs d’eux-mêmes et de leur avenir et les travailleurs sur qui pèse, à tout moment, la menace de la misère ».
Quand on a décidé de supprimer l’ISF, a-t-on demandé des contreparties aux possédants sûrs d’eux-mêmes et de leur avenir ?