Intervention de Édouard Courtial

Réunion du 18 février 2020 à 9h30
Questions orales — Salariat des médecins dans les déserts médicaux

Photo de Édouard CourtialÉdouard Courtial :

Madame la secrétaire d’État, la désertification médicale est un fléau qui touche tous les territoires, et plus particulièrement la ruralité. Cette désertification fragilise notre pacte républicain en remettant en cause la liberté de choix des Français de vivre à la ville ou à la campagne.

Confronté à un phénomène sous-estimé, trop peu anticipé et qui s’accélère, l’État a commencé, mais sans doute trop tardivement, à prendre des mesures. Ainsi, certaines dispositions qu’il met en œuvre vont indéniablement dans le bon sens, à commencer par le renforcement de la télémédecine et l’allégement des charges administratives.

Mais, pour pallier ce retard dans la prise de conscience du problème, les collectivités territoriales se sont organisées, avec les moyens qui sont les leurs, pour répondre à un enjeu majeur de santé publique. Si elles ne peuvent agir sur le premier levier, via l’augmentation significative du nombre de médecins par la nécessaire suppression du numerus clausus, elles actionnent le second en mettant en place des mesures incitatives fortes pour attirer les jeunes médecins.

C’est le cas du conseil départemental de l’Oise – que j’ai eu l’honneur de présider –, qui a lancé le plan « Oise santé » en 2018 et obtenu des résultats très encourageants. Plus localement encore, de nombreuses intercommunalités et communes s’engagent dans la bataille. Mais, une fois les locaux rénovés et prêts à recevoir les praticiens, les candidats sont encore trop peu nombreux. De ce fait, certaines collectivités proposent aux médecins d’être salariés. Cette formule séduit de plus en plus et peut être envisagée comme une offre complémentaire de la médecine libérale. Cependant, le salariat coûte très cher et peu de communes en ont, en vérité, les moyens. Pourtant, compte tenu des retours très positifs et de l’engorgement des services d’urgence dans les hôpitaux de proximité – lorsqu’il en reste ! –, il semble aujourd’hui indispensable de l’encourager pour toutes les collectivités, y compris les plus modestes, qui choisiraient cette voie.

Pour ce faire, le Gouvernement doit systématiser des mesures destinées directement aux communes, notamment pour les aider à assumer le coût de cette solution en dépit du contexte budgétaire actuel. Il y va de la survie de nos villages et de nos campagnes. Sur ce sujet comme sur d’autres, il y a les « diseux » et les « faiseux ». Nos collectivités appartiennent à la seconde catégorie, mais elles ne peuvent faire face seules.

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