J'adhère totalement à votre propos, Madame Maguin. Vous n'avez pas mentionné le terme de probiotiques mais celui-ci est plus aisément compréhensible que le terme de microbiote. Cette notion illustre parfaitement, à mes yeux, l'échec européen en matière d'innovation. Les probiotiques constituent peut-être le thème sur lequel les publications scientifiques sont les plus nombreuses. Ils permettent d'envisager des avancées gigantesques dans le domaine alimentaire et dans le domaine médical. Pourtant, à ce jour, aucune allégation de santé n'est autorisée. Le terme de probiotique ne peut pas même être employé.
Un grand groupe français de probiotiques, de renommée mondiale, a tenté d'obtenir l'autorisation d'allégations, en s'appuyant sur des dizaines d'études, dont la réalisation lui a coûté plusieurs millions d'euros. Il a échoué, ce qui a freiné tous les autres acteurs. Je me souviens qu'un expert de l'Agence de sécurité sanitaire des aliments, au tout début de l'application du règlement sur les allégations, prédisait que ce règlement allait faire exploser l'innovation. C'est l'inverse qui s'est produit. 4 800 dossiers ont été déposés, pour 7 % de réussite. Parmi les dossiers les plus innovants, notamment pour la diminution des facteurs de risque de maladie, le taux de réussite chute à 0,3 %. Résultat, il existe des publications mais les acteurs économiques vont exploiter leurs innovations à l'international plutôt qu'à l'échelon européen. Des allégations sont autorisées, pour les probiotiques, en Suisse et au Canada. Ce n'est pas le cas en Europe.