Les aliments fermentés ont notamment pour spécificité d'apporter des charges considérables de microorganismes (quelques millions à quelques milliards par gramme de produit) et de nombreuses études scientifiques ont montré leur capacité à faire réagir des cellules humaines, par exemple celles de systèmes immunitaires humains. La transformation des nutriments, dans leur nature, leur concentration ou leur biodisponibilité peut aussi avoir des effets sur la santé. Des études l'ont montré concernant certains composés résultant de la fermentation de choux par exemple. Des travaux ont aussi été réalisés, dans le cadre d'essais interventionnels, chez l'homme, afin d'expliciter ces effets.
Nous sommes confrontés à des enjeux réglementaires mais aussi aux contraintes propres aux essais scientifiques, dès lors qu'on recherche leur généricité. Les modalités de test des propriétés sont extrêmement coûteuses et doivent s'appliquer à des populations extrêmement nombreuses. Cela complique parfois l'évaluation précise et complète du potentiel de ces probiotiques ou de composés pouvant constituer des compléments nutritionnels. Nous voyons aussi, autour de l'Europe, des marchés qui explosent dans ces domaines. Les probiotiques et compléments alimentaires occupent de plus en plus des rayons entiers, chez nous comme dans d'autres pays (par exemple le Canada, où des drugstores se spécialisent dans ces produits). Nous évoluons dans ce monde globalisé et paradoxal du fait des règles qui s'y appliquent. J'ai moi-même beaucoup travaillé avec le grand groupe français auquel vous faisiez allusion et j'ai mesuré le désespoir de ses responsables, qui s'efforçaient de construire des études le mieux possible pour convaincre leurs interlocuteurs.