Intervention de Marie-Benoît Magrini

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 6 février 2020 à 9h00
Tables rondes sur le thème : qu'y aura-t-il dans nos assiettes en 2050

Marie-Benoît Magrini, Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) :

Il existe un enjeu de redéveloppement de la légumineuse dans l'alimentation du quotidien, ce qui passe par le retour à des plats traditionnels revisités, dans le cadre d'une alimentation dite alternative, nourricière, simple, accessible au consommateur.

Un autre axe de développement est le fait des industries agroalimentaires, qui peuvent fabriquer des aliments préparés (pain, gâteaux, pâtes) utilisant des farines de légumineuses. Les industriels pourraient également proposer des aliments très riches en protéines en intégrant des extractions de la graine, des extraits de protéines, par d'autres procédés industriels qui vont permettre d'augmenter la concentration en protéines. Ces produits visent souvent des marchés spécifiques, liés à la diététique ou aux sportifs par exemple. Dans un contexte de vieillissement de la population, les nutritionnistes soulignent aussi le risque de carences en protéines avec l'âge, du fait d'une moindre appétence pour les produits carnés, ce qui peut entraîner des problèmes de santé liés à la sarcopénie.

J'insiste néanmoins sur la nécessaire prise de conscience de cette situation de verrouillage technologique : si nous laissons le développement des protéines végétales aux mains du marché, la logique industrielle privilégiera les protéines issues de céréales. On ne peut s'étonner que les acteurs économiques cherchent à rentabiliser leur investissement industriel. Les premières protéines utilisées, en France comme sur le marché mondial, pour ces nouveaux segments de protéines végétales, sont d'ailleurs les protéines issues du blé et non celles qui sont issues des légumineuses. À l'échelle mondiale, ce seront les protéines issues du soja, qui représente des surfaces cultivées considérables. Si nous voulons aller vers une alimentation plus diversifiée, misant sur la diversité des sources alimentaires, nous devons parvenir à réinsérer l'ensemble de ces légumineuses : pois, lentille, féverole, pois chiche, pois cassé, etc. Ces produits, par leur diversité, présentent, de surcroît, l'intérêt de permettre de s'adapter à de multiples contextes climatiques offerts par nos régions.

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