Intervention de Catherine Laillé

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 18 février 2020 : 1ère réunion
Table ronde sur les retraites des agricultrices

Catherine Laillé :

C'était une demande importante il y a trois ans : nous voulions que ce statut soit temporaire. Cinq ans, c'est la durée maximale du statut d'aide familial. Au bout de cinq ans, un vrai statut est choisi. Nous améliorerons les conditions de retraite par l'amélioration des statuts. Nous ne sommes pas « conjointes de », nous sommes agricultrices. Valorisons-nous ! Actuellement, les jeunes agricultrices qui s'installent choisissent plus facilement le statut de chef d'exploitation. Il y a eu des avancées depuis trois ans, par rapport à l'époque de la publication de votre rapport.

Notre priorité, c'est que les agricultrices déjà retraitées touchent 85 % du SMIC, soit 1 040 euros - l'équivalent du seuil de pauvreté. Le fait que les revenus agricoles soient faibles n'est pas la faute des agriculteurs, qui travaillent beaucoup, mais qui subissent les conséquences des crises agricoles ! La loi de 2003 devait en principe porter progressivement ce seuil de 75 % à 85 % du SMIC, mais elle n'est toujours pas appliquée, alors qu'elle a été votée par le Parlement ! C'est ahurissant et insupportable. Les agricultrices prenant demain leur retraite devraient pouvoir toucher 100 % du SMIC pour une carrière entière, elles ont travaillé tous les jours, même parfois sans revenu en cas de crise agricole... Elles méritent leurs 1 200 euros. Nous ne pouvons demander moins ! Les syndicats de salariés n'accepteraient pas ces chiffres au rabais.

Il faut par ailleurs conserver les 10 % de majoration pour le troisième enfant, même si la bonification de 5 % dès le premier enfant est une bonne chose.

S'agissant du partage des 5 % de bonification entre les parents, il y a des arbitrages à faire entre l'homme et la femme. Cette réforme pourrait être l'occasion de réduire les inégalités entre hommes et femmes. Car même si les jeunes générations évoluent, les femmes s'occupent toujours davantage des enfants que les hommes.

Quant aux pensions de réversion, il ne faudrait surtout pas les supprimer. Il faut séparer les revenus du travail et les autres et rehausser le plafond.

Il faudrait revoir la fiscalité. J'ai entendu dire que les agriculteurs ont une grande réticence à l'égard des cotisations sociales : ce n'est pas complètement faux. Mais il faut savoir ce qu'on veut et trouver le curseur d'équilibre entre investissements et cotisations... Les arbitrages peuvent être difficiles.

Reste la question de savoir comment financer tout cela. Enfin, ces changements ne doivent pas avoir lieu en 2025 ou en 2022, mais bien en 2020. C'est maintenant que tout se joue ! Le président de la République a fait de l'égalité entre femmes et hommes une priorité, il faut donc avoir le courage d'agir vite, d'autant plus qu'il ne s'agit finalement que d'un rattrapage !

Les médias avaient malheureusement très mal expliqué le fonctionnement de la TVA sociale : ce serait pourtant une bonne solution. Une hausse de TVA équivaut à une baisse des charges et permettrait de conserver le prix des produits agricoles français inchangés au plan national, mais de rendre leur prix à l'export plus compétitif, tout en taxant les importations, qui aujourd'hui ne financent en rien la protection sociale.

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