S'agissant tout d'abord des transferts vers l'étranger, nous avons arrêté l'offre de mandats postaux en espèces il y a deux ans, après un contrôle sévère et une forte amende. Je précise que les problèmes de filtrage ne concernaient pas les clients de la Banque Postale. Tout le monde peut entrer dans un bureau de poste ! C'est un changement culturel majeur qui nous est imposé. Nous avons uniquement conservé un rôle d'agent, sans responsabilité juridique, pour proposer les prestations de Western Union. Cela offre une solution de repli à nos clients mais permettez-moi de ne pas me prononcer sur leur tarification, qui ne dépend pas de nous.
S'agissant des opérations qui peuvent être réalisées par le recours au Livret A, un élargissement pourrait être discuté. Il nous faudra pour cela revenir devant vous. Par exemple, il y a des cantines où l'on ne peut plus payer en liquide. Une des pistes faisant l'objet d'un fort soutien des associations serait d'autoriser des cartes prépayées.
Sur la question de l'appel d'offres de la DGFiP, nous pensons avoir des chances sérieuses - sinon nous n'aurions pas candidaté. On a défini un parc de bureaux de poste de façon à répondre aux besoins des clients mais il ne couvre bien évidemment pas la totalité du réseau. Je pourrai vous en dire davantage lorsque nous aurons les résultats de l'appel d'offres.
Le plafonnement décidé fin 2018 pour les frais d'incidents bancaires fixé à 25 euros par mois et à 250 euros par an pour la clientèle fragile mais relevant des offres classiques n'a pas été sans impact sur la montée en puissance du dispositif. Malgré cela, les banques dans leur ensemble - et La Banque Postale plus particulièrement - ont évidemment réalisé les efforts demandés. Nous avons même été au-delà, avec 40 % de hausse de l'encours sur l'offre spécifique entre 2017 et 2019. Nous avons désormais 410 000 contrats d'offre spécifique sur les 3,3 millions de clients fragiles. Un effort important a été fait, même si la base de départ était faible. Mais l'arbitrage n'est pas si évident pour les clients, qui peuvent considérer qu'il y a des avantages à rester dans le cadre des offres classiques, avec un plafonnement qui finalement n'est pas si éloigné.
Pour le Livret A, nous sommes dans une situation très spécifique. Plus de la moitié de nos Livrets A ont un encours annuel moyen inférieur à 150 euros. C'est une différence énorme par rapport à nos concurrents. Nous sommes là au coeur de la mission d'accessibilité bancaire - et cela emporte naturellement des coûts spécifiques.
Concernant la clientèle fragile, nous avons ajouté un critère alternatif sur le niveau de compte courant créditeur moyen mensuel, qui s'ajoute aux critères classiques. Il a été fixé au niveau du seuil de pauvreté. Cela nous a permis de cibler 1,6 million de clients, ce qui est très élevé. C'est notamment pour cela que nous représentons la moitié de la clientèle fragile identifiée. C'est quelque chose que tout le monde n'a pas à l'esprit.
Nous avons 16 % de parts de marché en termes d'encours pour le LEP. Nous essayons naturellement de développer cette offre. Dans les bureaux de poste, nos agents sont d'abord au service du client, et non de la rentabilité. Mais force est de constater que la culture du Livret A reste forte.
Sur le fléchage des encours du livret de développement durable et solidaire, je suis moins à l'aise pour répondre, car il me semble que vous avez déjà apporté l'essentiel des éléments de compréhension. Je les reprends bien volontiers à mon compte.