Je vous remercie pour vos nombreuses questions. Tout d'abord, je me permets de rappeler que l'objet de cette réunion concernait la mission d'accessibilité bancaire et non le groupe La Poste et son avenir, sujet sur lequel j'aurais par ailleurs beaucoup de choses à dire. Je vais aborder un certain nombre de sujets concernant le groupe La Poste, qui touchent moins à La Banque Postale, mais je vais pour autant essayer de répondre à toutes vos questions.
S'agissant de la problématique du réseau, des DAB et des guichets automatiques bancaires (GAB), vous avez pu constater que La Banque Postale avait agrandi son réseau ces dernières années en nombre de DAB. Nous avons décidé que le canal des DAB et des GAB restera extrêmement important pour nous pour une période encore longue. En conséquence, nous allons essayer d'améliorer le plus possible ces DAB d'un point de vue technologique. Nous allons essayer de les rendre plus intelligents afin qu'ils puissent délivrer davantage de prestations, tout en maintenant la dimension du parc actuel. Si nous devions supprimer des DAB, cela concernerait des endroits dans lesquels leur concentration est trop importante par rapport aux besoins.
S'agissant d'installations supplémentaires, des discussions peuvent avoir lieu et leur issue n'est pas systématiquement négative, même si je rappelle qu'il s'agit d'une activité qu'il faut assumer dans ses comptes en ce qu'elle n'est pas rentable - elle peut l'être pour ceux qui proposent un service global qui inclue notamment les transports de fonds.
Au final, ce qu'il nous faut c'est une infrastructure, que celle-ci soit mutualisée, externalisée, repensée ou enrichie. Ce sont des sujets que nous devrons aborder et qui sont encore devant nous. En revanche, notre responsabilité collective - et nous ne sommes pas les seuls dans l'affaire - c'est de faire en sorte que nous ayons un parc qui soit suffisant pour les décennies qui viennent où les espèces continueront de jouer un rôle important.
Nous avons augmenté les plafonds de retrait en espèces de trois cent cinquante euros à cinq cents euros pour les agences postales communales. Les agents n'étant pas des banquiers, il s'agit d'un sujet qu'il faut gérer avec responsabilité. Notre dispositif couvre le territoire. Il n'est certes pas strictement le même à tous les endroits, mais nous sommes bien dans notre responsabilité de banque publique.
Par ailleurs, si le réseau est en cours de modernisation, il conservera au moins dix-sept mille implantations. Le groupe La Poste veut rester dans son dimensionnement de présence et je dois dire que le nouveau groupe qui se constitue avec la Caisse des dépôts comme actionnaire principal du groupe La Poste, chargée de la mission spécifique de se battre contre la fracture territoriale, est un élément extrêmement important dans ce nouveau dispositif.
La banque relationnelle doit exister sur le territoire aussi. Nous devons à cet égard jouer avec des outils modernes, dans lesquels nous avons énormément investis pour être en capacité d'apporter des réponses, même dans les endroits où il n'y a pas un commercial bancaire expert en matière de crédit à la consommation ou en matière de patrimoine. D'une manière ou d'une autre, il faudra que nous trouvions des solutions, non pas par la présence de personnels supplémentaires, car cela ne serait pas soutenable, mais grâce aux nouvelles technologies.
Nous devons imaginer que, même dans un bureau de Poste France service, nous puissions avoir un lien avec un commercial à distance qui soit en mesure de traiter un dossier. Dorénavant, ces derniers sont d'ailleurs entièrement dématérialisés à La Banque Postale. Nous avons à la fois besoin de femmes et d'hommes sur le terrain et de technologies beaucoup plus avancées. Nous avons ainsi investi près de deux milliards d'euros dans les outils de demain ces cinq dernières années. Ces outils nous permettront de garder des liens dans la relation humaine.
Le plafonnement des frais bancaires nous a coûté soixante-dix millions d'euros en 2019. Nous représentons tout de même près de la moitié de la clientèle financièrement fragile, soit un 1,6 million de clients sur les 3,4 millions de clients en situation de fragilité financière. Je me permets d'insister sur ce point-là.
Évidemment, nous devons être extrêmement attentifs à la question des espèces. La réglementation a changé et nous devons nous adapter. La réglementation est de plus en plus précise, bloquante, contraignante par rapport à ce qui était hier un monde beaucoup plus ouvert, beaucoup plus pratique. Nous avons été en dysfonctionnement, mais il faut souligner la difficulté que représente le fait de devoir dire non à un client quand vous êtes dans un bureau de poste exposé et que le client est dans une logique d'incivilité croissante. J'aimerais que l'on se mette de temps à temps à la place des agents au guichet. Les décisions que nous avons récemment prises sur les dépôts d'espèces témoignent de notre volonté de respecter la réglementation. Toutefois, il s'agit d'une culture nouvelle de conformité et de connaissance clientèle qui représente un changement considérable à l'échelle du groupe.
Concernant Ma French Bank, pourquoi ce nom ? Il s'agit d'abord d'une opération de start-up française qui a fait un démarrage extraordinaire. Nous sommes aujourd'hui à plus de cent-cinquante mille clients actifs qui ont déposé de l'argent sur cette banque. Nous touchons une clientèle jeune et le choix du nom a été fait en conséquence. Il s'avère que c'est un succès colossal et il faut s'en réjouir. Nous avons investi plus de cent millions d'euros dans ce projet. Alors que La Banque Postale a une clientèle vieillissante et que les jeunes ne vont plus spontanément dans les bureaux de poste, nous sommes en train d'essayer d'inverser la tendance. Nous avons un programme pour essayer d'atteindre un million deux-cent mille clients d'ici 2025. Nous faisons face à une véritable démocratisation de la néo-banque, de la banque digitale complète. Pratiquement cent-cinquante nationalités sont clientes et nous avons des clients qui utilisent, pour une partie non négligeable, cette banque comme leur banque principale. Parmi ces clients, vous avez des jeunes mais aussi une partie de la clientèle très peu aisée. Nous sommes donc bien dans notre responsabilité. Ces clients sont venus pour la prestation au coût de deux euros par mois. Nous sommes très contents du nom puisque c'est celui qui nous a permis d'aller au rythme où nous sommes allés.