Intervention de Muriel Pénicaud

Réunion du 3 mars 2020 à 9h30
Questions orales — Difficultés de recrutement des petites entreprises

Muriel Pénicaud :

Merci de cette question, monsieur le sénateur Jean-Raymond Hugonet ; vous évoquez un sujet très important.

Aujourd’hui, en France, une entreprise sur deux – le phénomène touche particulièrement les PME – ne trouve pas les compétences qu’elle recherche et dont elle a besoin pour son développement. Comme vous l’avez dit, c’est un gâchis, notamment au regard de la lutte contre le chômage et de la nécessité d’accroître les compétences.

Même si beaucoup reste à faire, des progrès ont été réalisés.

Le taux de chômage est non pas à 8, 7 %, mais à 8, 1 % – il s’élève à 7, 9 % en métropole. Nous comptons désormais vingt-quatre départements où ce taux est inférieur à 7 %. On n’a jamais embauché autant de personnes en CDI, autant d’apprentis. On n’a jamais autant formé de demandeurs d’emploi.

À ces signaux positifs, s’ajoute le fait que les entreprises ont créé 500 000 emplois nets depuis deux ans.

Ces résultats sont notamment le fruit de la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, qui contient diverses mesures relatives à l’apprentissage et à la formation professionnelle, ainsi que du plan d’investissement dans les compétences, qui vise précisément à réduire l’écart entre les compétences demandées et les compétences disponibles sur le marché du travail. Après trente ans de chômage de masse, bien des compétences que recherchent les entreprises ne sont pas sur le marché du travail.

Cela étant, ces dispositions ne sauraient suffire. Les nouvelles règles de l’assurance chômage vont contribuer à renforcer l’incitation au retour à l’emploi. De plus, trois éléments méritent d’être cités.

Le premier élément, c’est la nouvelle offre de services de Pôle emploi. La convention tripartite entre l’État, Pôle emploi et l’Unedic, signée en décembre 2019, va permettre de déployer de nouveaux moyens. À Pôle emploi, plus de 1 000 agents supplémentaires accompagneront des entreprises : les effectifs chargés de cette mission augmenteront ainsi de 25 %. Concrètement, on pourra proposer un accompagnement plus personnalisé. Surtout, au bout de trente jours, si l’offre d’emploi n’est pas pourvue, Pôle emploi s’engage à contacter l’entreprise pour rechercher une solution avec elle, en mobilisant de nouveaux dispositifs ou en améliorant l’offre de l’entreprise, qui n’est peut-être pas concurrentielle sur le marché.

Le deuxième élément, toujours à Pôle emploi, c’est l’opération #VersUnMétier. Chaque semaine, dans chaque agence, on choisit un thème dans un secteur comprenant des métiers en tension ; les représentants des entreprises elles-mêmes viennent alors en parler à des demandeurs d’emploi d’un autre secteur, et cela fonctionne très bien. Il n’y a rien de tel que le contact direct avec un chef d’entreprise pour découvrir un nouveau métier et aller vers celui-ci.

S’y ajoutent les engagements pour le développement de l’emploi et des compétences. Ces EDEC sont en cours dans trente branches. Ils permettent de mieux définir les besoins et de travailler sur l’attractivité : beaucoup de métiers ne sont pas attractifs, parfois pour des raisons objectives tenant aux conditions de travail ou aux salaires, parfois pour des questions d’image. Tout cela se travaille.

Le troisième et dernier élément, c’est l’accompagnement des PME dans la gestion des ressources humaines. Vous avez vous-même souligné le rôle des opérateurs de compétences à l’égard des PME et des ETI. Mon ministère leur propose désormais un accompagnement avec les onze opérateurs de compétences. Il s’agit d’une prestation de conseil en ressources humaines qui les aide à définir leur stratégie face au marché du travail.

Toutes ces initiatives doivent être poursuivies ; vous l’avez dit avec raison, il ne faut laisser aucun emploi de côté. Chaque emploi compte !

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