Intervention de Julien Bargeton

Réunion du 4 mars 2020 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Solidarité européenne et crise migratoire en grèce

Photo de Julien BargetonJulien Bargeton :

Ma question s’adresse également à M. le ministre de l’Europe et des affaires étrangères.

L’Europe est aujourd’hui confrontée de plein fouet à une réaction en chaîne qui a commencé à Idlib, en Syrie, en passant par Ankara et Moscou, pour arriver à Lesbos. Depuis plusieurs jours, près de 13 000 réfugiés venus de Turquie traversent la Méditerranée en direction de la Grèce.

Cette crise est un nouveau test pour l’Union européenne. « Nous n’avons plus l’audace d’exister », nous alerte Bernard Guetta, notre collègue au Parlement européen, dans une récente tribune. Et de continuer : « L’inaction aussi a un prix… »

Cette crise défie à la fois l’espace et le temps. L’espace, car le Levant est devenu une épreuve de vérité pour l’Europe. Le temps, car la crise des réfugiés de 2015 n’a jamais été résolue. La solidarité entre États européens a été mise à mal, le mécanisme de répartition des migrants est resté lettre morte et, aujourd’hui, la stratégie européenne de gestion migratoire avec la Turquie se solde par un échec.

Il est toujours choquant de transformer des femmes, des enfants et des hommes en instruments de politique internationale. Nous le savons depuis Kant, l’être humain doit être toujours une fin en soi, jamais un moyen.

Il y va de la responsabilité du président Erdogan, militairement bloqué au nord de la Syrie, où est stationnée l’armée turque depuis l’offensive qu’il avait lui-même lancée il y a quelques mois, et que nous avions tous condamnée. Aujourd’hui, il n’hésite pas à demander cyniquement du soutien à ses alliés européens et à l’OTAN, une demande de soutien qui s’est muée en un chantage inadmissible et inacceptable.

Le Président de la République a exprimé sa pleine solidarité avec la Grèce et la Bulgarie ; il a clairement indiqué que la France participerait aux efforts européens afin de protéger nos frontières, notamment auprès de l’agence Frontex.

Ce matin, un conseil des ministres de l’intérieur de l’Union européenne s’est tenu pour faire le point sur la situation.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous informer de l’état d’esprit européen face à cette crise inédite et rappeler la position de notre diplomatie ?

Albert Camus le disait : « Je me révolte, donc nous sommes. » Il est temps que l’Europe se lève et se révolte face à cette crise migratoire.

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