J’ai, avec le sénateur del Picchia, une ancienne et ininterrompue conversation sur la question turque… Et puisqu’il m’y invite, je vais compléter mes propos précédents.
Nous avons, avec la Turquie, plusieurs sujets de contentieux lourds, dont certains sont récents, ainsi que différents points d’irritation, le dernier étant le non-respect de l’accord de 2016 avec l’Union européenne, événement qui se produit sous nos yeux.
Je pourrais ainsi citer la question récente du nord-est syrien, où l’initiative turque a remis en cause notre manière d’appréhender la sécurité dans cette région, ou encore les actions turques en Méditerranée orientale, où nos engagements sont opposés, et en Libye, où l’armée turque rompt l’embargo décidé par les Nations unies, en acheminant en Libye des forces syriennes, ce que l’on appelle des proxy – ceux-ci viennent d’ailleurs souvent de la région d’Idlib.
Je pourrais également citer le dossier de l’OTAN, où l’ambiguïté demeure – j’en parlerai à l’occasion d’une prochaine question –, la question des libertés, pour laquelle des divergences majeures sont apparues, et bien sûr, je le répète, l’instrumentalisation des migrants, qui n’est pas acceptable.
Pour autant, nous sommes dans la même alliance ! C’est pourquoi nous devrons rapidement avoir avec la Turquie une explication franche, publique, exhaustive et exigeante, pour savoir où chacun se situe et où sont nos intérêts communs. Sans une telle explication, nous n’en sortirons pas – je vous rejoins sur ce point, monsieur le sénateur. L’actualité nous l’impose.
Cela n’obère aucunement les discussions que le Président de la République a déjà et aura encore avec le président Poutine.
L’impératif d’exigence vis-à-vis de la Turquie me paraît essentiel, d’autant que nous avons tout de même un point commun : la lutte contre le terrorisme. Je vous rappelle que nombre de groupes terroristes, dont Daech, et de combattants étrangers, dont des Français, sont présents dans la zone d’Idlib.