Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, combien de temps l’épidémie va-t-elle durer ? Combien fera-t-elle de victimes ? La réponse technique et précise à ces questions est la suivante : Dieu seul le sait ! Ce n’est pas une bonne nouvelle pour nos dirigeants, en ces temps où la défiance est devenue une religion nationale, aggravée par les réseaux antisociaux, amplifiée par le complotisme.
La science avance trop lentement pour nourrir les télévisions de l’immédiat, qui lui imposent une épreuve redoutable. Il faut informer sur la propagation au jour le jour, expliquer les mesures mises en place alors que la situation change sans cesse, annoncer les aggravations progressives sans déclencher de panique. C’est la lutte de la raison contre l’émotion ; or, dans le monde d’aujourd’hui, la seconde part malheureusement favorite.
Pour inverser la donne, nous pouvons compter sur un système de santé préparé, coordonné et supervisé avec fermeté et souplesse, et sur des professionnels de santé qui sont les rares à bénéficier encore, à juste titre, de la confiance de nos concitoyens.
Nous pouvons compter aussi, à ce jour, sur l’attitude responsable des principaux partis politiques, choisissant la solidarité et la confiance dans les équipes soignantes plutôt que de chercher ce que le Gouvernement aurait pu faire de travers.
Bien sûr, l’exception que l’on attendait s’est produite, nous venons d’en avoir ici même la démonstration. Je parle de ceux qui ont sauté sur l’occasion pour ressortir des cartons leur obsession de la fermeture des frontières. §que les micro-organismes circulent sans visa.
Au XIVe siècle, à un moment où la lenteur des transports freinait mille fois plus les déplacements que la plus stricte fermeture possible des frontières actuellement, la peste venue d’Asie a tué le tiers de la population européenne après avoir franchi toutes les barrières.
Les chiffres d’aujourd’hui ou de demain n’ont rien à voir avec cela. Des mesures précises, adaptées, conformes à l’avis des spécialistes, doivent être prises, même lorsque certaines d’entre elles sont pénibles. La responsabilité du Gouvernement est que la précaution l’emporte sur la psychose, le contrôle maîtrisé sur le blocage du pays et la réponse sanitaire sur les emportements idéologiques.