Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, ma question porte sur la protection des médecins généralistes, qui déplorent le manque de considération des autorités de santé. Or nous allons entrer dans une phase où l’essentiel de la prise en charge va reposer sur eux, avec un report de l’hôpital vers la médecine de ville. Celle-ci sera en première ligne pour gérer l’épidémie.
Les consignes restent peu claires sur la façon de prendre en charge les malades sans risquer d’être contaminé ou de propager ensuite le virus. Depuis un changement récent, la doctrine prescrit désormais la protection par des masques chirurgicaux FFP1 destinés aux généralistes, et non par les masques FFP2 réservés, eux, exclusivement aux hôpitaux. Cela nous interpelle à juste titre !
En outre, les médecins libéraux ne savent pas précisément à combien de masques ils ont droit, et la distribution a tout juste commencé hier. Ils veulent être protégés avec certitude, mais, à ce jour, on ne peut exclure les contaminations de médecins sur le terrain. Or rien ne garantit l’entière efficacité des « masques bavettes » pour protéger du coronavirus.
Ce choix repose sur l’avis de sociétés savantes et sur un article du Journal of the American Medical Association (JAMA) dont l’étude, certes intéressante, a concerné un nombre très insuffisant de cas pour mettre en évidence une preuve scientifique irréfutable. De plus, l’étude portait sur le virus de la grippe, dont la létalité reste très inférieure à celle qui est liée au coronavirus.
Les médecins doivent donc avoir l’assurance que ce changement de doctrine n’est pas adossé à une réalité pratique, celle de la pénurie de masques FFP2, d’autant plus que, lors de l’épisode de la grippe H1N1, je le rappelle, ce sont bien ces masques-là qui leur avaient été distribués.
Ils ont besoin d’un discours de vérité et de transparence concernant cette pénurie. C’est une question de confiance entre eux et les pouvoirs publics.
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous dire où en sont les décisions prises avec les industriels français ? Des masques FFP2 sont-ils prévus pour eux, une fois la pénurie hospitalière compensée ? Et dans combien de temps ?
Vous serez sans doute d’accord avec moi : il est impossible, au nom du principe de précaution, de prendre le risque que les médecins libéraux ne soient pas intégralement protégés. Si eux sont touchés, c’est toute la prise en charge de l’épidémie qui s’effondre !