Intervention de Fabrice Leggeri

Commission des affaires européennes — Réunion du 8 avril 2020 à 16h10
Justice et affaires intérieures — Audition de M. Fabrice Leggeri directeur exécutif de frontex par audioconférence

Fabrice Leggeri, directeur exécutif de Frontex :

L'accord entre la Turquie et l'Union européenne conclu en mars 2016 permet en effet la réadmission par la Turquie des migrants irréguliers en provenance des îles grecques, mais non celle des migrants qui se trouvent sur la partie continentale de la Grèce. C'est une des raisons qui explique pourquoi, depuis maintenant quelques années, les autorités grecques ont regroupé près de 43 000 migrants dans les cinq principales îles grecques - Lesbos, Tamos, Chios, etc. C'est un défaut de l'accord entre l'Union européenne et la Turquie, mais peut-être en était-ce le point d'équilibre... Il a fonctionné de façon assez correcte au début, en 2016, tant que le système grec n'était pas encombré.

Frontex assure les réadmissions et appuie la Grèce pour faire accepter par la Turquie les migrants en provenance des îles. Les procédures avec la Turquie sont très précises. Nous opérons par ferries avec le port de Dikili, en face de Lesbos, et par avions avec l'aéroport d'Adana-Þakirpaþa, à l'est de la Turquie.

Il n'y a généralement pas eu de difficultés opérationnelles avec les autorités turques, qui ont toujours réceptionné les personnes réadmises. En revanche, l'encombrement du système grec d'asile et son impossibilité à prendre des décisions, qu'elles soient positives ou négatives, ont fait que le nombre de migrants à faire réadmettre par la Turquie a constamment diminué. On avait initialement dimensionné le dispositif pour faire réadmettre 500 migrants par jour. En réalité, depuis 2016, nous n'avons réussi qu'à faire accepter 2 000 migrants maximum.

Le nouveau Gouvernement grec, qui a pris ses fonctions à l'automne 2019, a fait passer une loi sur la réforme de l'asile qui comporte une procédure accélérée plus facile à manier. Des effets positifs ont été constatés dès janvier, jusqu'au déclenchement de la crise du Covid-19. On a alors pu faire réadmettre par la Turquie 120 migrants en provenance des îles, chiffre que nous n'avions plus atteint depuis 2016.

En ce qui concerne notre présence en Grèce, environ 600 à 650 garde-côtes sont déployés par Frontex dans le cadre de l'opération Poséidon qui se déroule depuis plusieurs années en mer Égée. Nous l'avons complétée par une mission d'intervention rapide en mer Égée, qui a permis d'ajouter quelque 120 personnels supplémentaires et des moyens nautiques. Nous étions par ailleurs présents à la frontière terrestre de la Grèce avec l'Albanie et la Macédoine du nord. À la suite de l'appel de la Grèce, fin février, nous avons également renforcé notre soutien aux frontières turques par le biais d'une nouvelle opération d'intervention rapide près de la rivière Évros, où ont eu lieu des tentatives d'intrusion et des violences.

Au total, 600 personnes sont affectées à des tâches de surveillance des frontières maritimes et terrestres, mais également à des missions d'interrogatoire, de débriefing et d'enregistrement des migrants, de contrôle de sécurité ou de préparation d'un possible éloignement.

Enfin, concernant le plan en cours de préparation avec la Grèce et la Commission européenne destiné à éloigner 5 000 migrants irréguliers, une première vague de 1 700 personnes sera bientôt prête à être éloignée d'un point de vue juridique, les procédures d'asile s'étant conclues par une décision négative et toutes les voies de recours possible ayant été épuisées. Ce plan repose surtout sur des départs volontaires financés par la Commission européenne. Le rôle de Frontex est réduit, pour ne pas dire inexistant, dans l'état actuel des choses. Il s'agit essentiellement d'Afghans, de Pakistanais et de quelques Maghrébins.

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