Vous connaissez la situation concernant l'approvisionnement en masques : notre cible d'import est de 40 millions de masques par semaine, mais la concurrence internationale est très forte. On craint une seconde vague d'épidémie en Asie du Sud-Est, ce qui entraîne la captation de la production locale par les autorités. Un pont aérien a été mis en place : deux avions ont été affrétés directement par Santé publique France, auxquels s'ajoutent une dizaine de rotations hebdomadaires par Air France, que je tiens à remercier pour ses efforts dans ce domaine comme pour le rapatriement de nos compatriotes.
Prenons l'exemple de la RATP. Depuis le début de la crise, nous travaillons avec sa PDG, Catherine Guillouard, sur différents sujets. La RATP a fait montre de solidarité en mettant à disposition des soignants l'ensemble des masques qu'elle avait en stock. Nous avons travaillé à l'organisation du travail pour satisfaire les différents métiers. Les exigences sanitaires ne sont pas les mêmes dans la maintenance qu'au contact du public : chaque métier est spécifique. Des conditions d'exploitation spécifiques ont été déterminées au fil de l'eau avec les syndicats. Les entreprises de ce secteur ont procédé à des commandes de masques, que nous avons parfois facilitées au travers du pont aérien. La médecine du travail a fait des recommandations à la RATP ; en lien avec le Gouvernement, sa direction générale a décidé quels employés recevraient des kits ou des masques, en fonction de leur degré d'exposition.
Concernant le transport de voyageurs, vous avez raison de rappeler la profondeur de la chute de l'exploitation. Des sujets d'ordre public ont également dû être gérés dans les jours précédents. Vous connaissez bien les mesures générales de soutien qui ont été prises, les garanties de prêts et les prêts directs. Les petites entreprises, qui jouent un rôle crucial pour le transport de proximité et, notamment, les transports scolaires, bénéficient du fonds de solidarité. Les montants et les plafonds des aides ont encore été relevés hier, ce qui sera évidemment entériné dans le prochain projet de loi de finances rectificative.
Quant aux avenants, la loi d'urgence permet aux collectivités de continuer les paiements même si le service n'est pas rendu du fait de la situation sanitaire. Nous leur avons demandé de prendre leur part à l'effort collectif de manière à faciliter ensuite la relance.
Sur le fret ferroviaire, il faut distinguer entre la situation des opérateurs de fret et la stratégie que nous allons devoir mener pour ce secteur en France et en Europe. Il est évident que l'activité a décru, même si cette baisse reste limitée par rapport à celle subie par le transport de voyageurs : 65 % à 70 % du trafic fret est aujourd'hui assuré, avec quelques évolutions ; la priorité est ainsi donnée aux céréales plutôt qu'aux hydrocarbures. Tout le soutien nécessaire devra être accordé aux opérateurs, comme il est prévu depuis l'adoption de la loi d'orientation des mobilités (LOM), mais la question de la stratégie de Fret SNCF et des autres acteurs du secteur, qui sont souvent de taille très modeste et peu profitables, devra être posée. Une vraie demande existe à l'échelle européenne ; il faudra nouer des partenariats et mettre le secteur en ordre de marche pour y répondre. J'ai abordé ce sujet dans ma lettre à Mme Adina-Ioana Vãlean, commissaire européenne aux transports. Des décisions majeures d'investissements devront être prises, au travers du Green Deal par exemple, mais il faudra aussi, peut-être, apporter un soutien à l'exploitation pour que les prix soient compétitifs par rapport à la route. Un débat politique doit se tenir.