Comme vous le savez, Air France met des fréquences à disposition du pont aérien, et nous avons récemment connu quelques difficultés : un copilote de la compagnie a été retenu quelques jours en Chine après avoir été testé positif au Covid-19. Nous avons oeuvré pour qu'il soit rapatrié dans de bonnes conditions - il est rentré hier matin - et pour assurer la continuité du pont via Séoul. Nous conservons toutefois de très bonnes relations diplomatiques avec la Chine, qui s'est toujours montrée très ouverte sur la question des conditions d'exploitation.
Outre les 40 millions de masques déjà évoqués, ces avions transportent également beaucoup de matériel médical. Le pont fonctionne, mais la concurrence internationale est rude et nous sommes attentifs à ce que les commandes passées soient effectivement produites, transportées et distribuées.
S'agissant des lignes d'aménagement du territoire, nous nous entretenons chaque jour avec Alain Battisti, président de la Fédération nationale de l'aviation marchande (FNAM) et de la compagnie Chalair, qui nous fait remonter les difficultés rencontrées par les opérateurs. Nous avons également travaillé avec la direction générale de l'aviation civile pour flexibiliser au maximum les contrats de délégation de service public.
Toutefois, à l'heure actuelle, notre logique n'est pas de subventionner les compagnies aériennes. Nous voulons aider ces entreprises à passer au mieux la crise pour qu'elles puissent, demain, continuer d'honorer leurs contrats d'aménagement du territoire au profit du territoire métropolitain et de l'outre-mer.
Quant au remboursement des voyages, la France a déjà pris des mesures pour permettre aux agences d'émettre des avoirs valables jusqu'à la fin de l'année 2021, en lieu et place d'un remboursement. C'est aussi la position que nous défendons devant la Commission européenne pour les compagnies aériennes. Nous souhaitons une révision d'urgence du règlement n° 261/2004. Une action concertée sera nécessaire pour maintenir le système de compensation spécifique piloté par l'International Air Transport Association (IATA), et je souhaite que la Commission réponde positivement à cette demande.
Pour Air France-KLM, dont le niveau d'exploitation est tombé à 2 % de ses capacités, la priorité reste le très court terme. Il faudra ensuite accompagner le groupe sur le chemin de la reprise, qui pourra être assez long, puis se projeter dans le monde d'après. Il n'est pas sûr que les individus continuent de se déplacer comme avant. Air France-KLM fait toutefois partie des trois groupes solides en Europe, avec British Airways et Lufthansa. Les États sont prêts à soutenir la trésorerie de ces entreprises. Ensuite, pour la recapitalisation, aucune hypothèse n'est écartée.
J'insiste toutefois sur un point : Ben Smith est un excellent PDG. Il a une vision très précise du marché, du positionnement concurrentiel d'Air France et des sorties possibles de cette crise, et il me semble que nous devons donner au groupe toutes les armes pour être de nouveau conquérant dans les années à venir.