Intervention de François Villeroy de Galhau

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 15 avril 2020 : 1ère réunion
Audition de Mm. François Villeroy de galhau gouverneur de la banque de france et frédéric visnovsky secrétaire général adjoint de l'autorité de contrôle prudentiel et de résolution acpr et médiateur national du crédit en téléconférence

François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France :

Il me semble que la confiance repose sur deux piliers : la stabilité des prix et l'indépendance des banques centrales. Comme je le disais en introduction, nous avons l'obligation de maintenir l'inflation proche de 2 % à moyen terme ; nous sommes aujourd'hui nettement en dessous, ce qui nous donne un espace, mais aussi une obligation, pour maintenir des taux très bas. Pour cela, les banques centrales ne visent pas une intervention à dominante budgétaire - une telle intervention créerait d'ailleurs les problèmes juridiques qui ont été évoqués -, mais nous intervenons sur les prix. La politique monétaire ne constitue aucunement une solution miracle, mais elle est un élément favorable de la sortie de crise.

En ce qui concerne les ménages, la situation est difficile pour tout le monde, mais notre modèle social est, dans une situation comme celle que nous connaissons, un atout. En outre, au contraire des États-Unis, nous avons privilégié le chômage partiel plutôt que les licenciements, ce qui est également favorable pour les ménages. Aujourd'hui, de manière générale, les revenus des ménages sont plus élevés que la consommation, ce qui génère une épargne supplémentaire. Pour autant, le facteur confiance est essentiel pour sortir de la crise, tant d'un point de vue sanitaire qu'économique. Nous devons construire des solutions dans ce cadre rempli d'incertitudes.

Jean Bizet a évoqué le rôle de l'Europe pour la reprise ou le rebond - je préfère d'ailleurs utiliser ces termes plutôt que celui de relance qui fait d'abord penser à un problème de demande, ce qui n'est pas le cas dans cette crise. Je dois dire que la solidarité est déjà présente de fait dans la phase actuelle, mais dans la phase de reprise disposer d'un « accélérateur » grâce à un programme européen sera très souhaitable. En ce qui concerne le champ géographique de cet instrument, il me semble préférable qu'il soit décidé à dix-neuf, car un cercle plus restreint risquerait de créer des divisions au sein de la zone euro. De telles discussions entre Européens sont très importantes, y compris pour les Pays-Bas et les autres pays du Nord. Cet accélérateur européen devra appuyer les plans nationaux de manière pleinement solidaire.

Par ailleurs, le rôle de l'État est aujourd'hui très important, personne ne le conteste, il existe même un consensus entre économistes et au sein du monde politique sur ce point. Cela constitue un atout par rapport au modèle américain, mais n'entraîne pas nécessairement le basculement à long terme vers un modèle dirigiste... Nous devons rester prudents sur la question de changements structurels dans l'après-crise.

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