Oui, nous sortirons de cette crise avec un endettement public accru d'au moins dix points de PIB, et peut-être de plusieurs dizaines de points de PIB - le Gouvernement table sur 115 % du PIB, contre 98 % actuellement. La dette des entreprises sera significative, aussi. Certains évoquent un phénomène de vases communicants entre les deux ensembles. Nous avons fait le choix d'offrir aux entreprises un bouclier de trésorerie pour amortir le choc : reports d'échéances, PGE, etc. Plus le choc va durer, plus ce qui est une contrainte de liquidité deviendra une contrainte de solvabilité, qui requerra des fonds propres pour amortir des pertes. Les reports de charges fiscales et sociales devront alors donner lieu à des abandons de créances fiscales et sociales, et l'État, jouant son rôle d'assureur en dernier ressort, pourrait même reprendre une partie de la dette des entreprises. Évidemment, cela n'arrangerait rien du point de vue de la soutenabilité de la dette publique... L'épargne des ménages, elle, pourrait s'accroître, puisque leurs revenus sont actuellement supérieurs à leur consommation. L'une des clés de la reprise sera la confiance des ménages dans la sécurité sanitaire, d'une part, et dans la trajectoire de reprise économique, d'autre part, car c'est la confiance qui relancera leur consommation. Cela requiert de la communication, des scenarii transparents, et des discussions au niveau de chaque entreprise. Le but est que les ménages se sentent en état d'utiliser leur épargne, et non de l'accroître. Pour autant, nous aurons à traiter une dette publique durablement plus élevée.
L'accès aux espèces, j'y suis très sensible, monsieur Bargeton. Il est garanti, et on ne nous a fait état d'aucune difficulté, malgré les craintes exprimées au début du confinement. Nous avons veillé au bon approvisionnement de tous les distributeurs. D'ailleurs, nous voyons que l'inquiétude reflue, puisque les retraits de billets diminuent sensiblement - de 40 % à 50 %. Il est vrai que les Français, confinés chez eux, utilisent beaucoup moins d'espèces.
Sommes-nous assez visibles ? Vous pouvez nous y aider. Le médiateur est présent dans chaque département, puisque la Banque de France a tenu à maintenir des succursales de proximité. N'hésitez pas à les solliciter sur vos territoires.