Monsieur le secrétaire d’État chargé du numérique, pour que la crise sanitaire ne nous fasse pas passer d’une société de la bienveillance à une société de la surveillance, pour que le recours au numérique dans la sortie de crise soit efficace, il faut créer de la confiance avec les Français.
Pour atteindre cet objectif, la mise en place d’une application, sur mobile, de traçage des contacts sociaux ne peut donc se faire dans notre pays que sur la base de trois éléments cumulatifs.
Premièrement, la préservation des libertés. En prononçant les mots « volontariat » et « anonymisation », le Président de la République a donc confirmé que cette solution se ferait dans le cadre du respect aussi bien du droit national que du droit européen, notamment du RGPD (règlement général européen sur la protection des données).
Deuxièmement, la recherche de l’universalité. Pour être efficace, cette application ne doit pas concerner uniquement les personnes familières des nouvelles technologies. Il faudra non seulement faire preuve de pédagogie pour rassurer nos concitoyens et les inciter à utiliser cet outil, mais aussi se préoccuper dès maintenant des moyens humains qui devront accompagner le déploiement de ce dernier.
En Corée, pas moins de 20 000 personnes ont mené ce travail. Se reposer uniquement sur le numérique n’aurait pas de sens, notamment parce qu’il faudra aussi alerter des personnes qui n’auront pas recours à cette application ou qui ne pourront y avoir recours.
Troisièmement, la protection de notre souveraineté. Il n’y a pas beaucoup de bonnes nouvelles dans cette crise du Covid-19, mais nous disposons, par exemple avec nos amis allemands et suisses, de toutes les compétences pour que la solution informatique soit française et européenne.
Sur ce dernier point, monsieur le secrétaire d’État, pouvez-vous nous confirmer que l’intégralité de l’infrastructure informatique sera sous notre propre contrôle – l’application elle-même, l’hébergement des données ou le capital des entreprises chargées de sa réalisation ? En d’autres termes, sommes-nous capables et avons-nous la volonté de résister aux assauts des géants du numérique pour offrir aux citoyens français une réponse nationale dans laquelle ils pourront avoir vraiment confiance ?