Absolument, monsieur le président ! Je sais que, comme moi, vous êtes particulièrement attentif au respect des libertés publiques.
Monsieur Sueur, en ce qui concerne la régularisation des étrangers, la circulaire publiée il y a quelques années par le Gouvernement que vous souteniez alors continue de s'appliquer ; elle n'a pas été modifiée.
Je sais qu'il existe une polémique à la suite des décisions prises en la matière par le Portugal. Nous avons examiné ce sujet attentivement, et je puis vous assurer que ces décisions aboutissent en fait à appliquer des mesures que la France met déjà en oeuvre, notamment en ce qui concerne l'accès aux soins des étrangers en situation irrégulière. Nous n'avons donc pas besoin de modifier notre droit, puisque nous agissons déjà ainsi. Certes, nous avons fermé les services d'accueil dans les préfectures, mais nous avons maintenu une permanence pour les situations particulières qui nous sont signalées par les associations, ce qui permet d'ouvrir des droits pour ceux qui en ont besoin.
En ce qui concerne le 17, qui est, je le rappelle, un numéro d'urgence, le nombre d'appels a en effet beaucoup augmenté : de 27 % à Marseille, de 76 % en Seine-et-Marne, de 39 % à Lille... Nous avons donc renforcé les moyens. Nous avons aussi créé un chat spécifique pour alléger la pression qui pèse sur le 17 ; il a donné lieu à 29 000 saisines de la police nationale. En tout état de cause, il ne faut appeler le 17 qu'en cas d'urgence ; c'est là un point extrêmement important.
S'agissant des centres de rétention administrative, nous continuons les opérations d'éloignement, tout en gérant le confinement et la protection sanitaire en leur sein. Moins de 150 personnes sont actuellement retenues dans les CRA, dont la capacité d'accueil est dix fois supérieure. Un cas de Covid-19 a été signalé, et la personne concernée a été prise en charge médicalement.
Je ne souhaite pas fermer les CRA, parce que 80 % des personnes retenues actuellement sont des sortants de de prison. Si nous fermions les centres, ces personnes seraient de fait remises en liberté par décision unilatérale du ministère de l'intérieur, ce qui ne serait pas acceptable. Le Conseil d'État a été saisi de cette question. Il a considéré que les conditions actuelles ne posaient pas de problème sanitaire spécifique. Je le redis, notre objectif est de poursuivre les reconduites à la frontière chaque fois que cela est possible.
Enfin, au sujet de la sortie du confinement, le Président de la République a demandé au Gouvernement de présenter une stratégie dans les quinze jours qui suivent son intervention télévisée. Je ne doute pas que les questions liées aux personnes fragiles et celles qui sont relatives aux personnes âgées seront évaluées dans ce cadre.