J'ai moi-même été administrateur d'un service départemental d'incendie et de secours (SDIS) en tant qu'élu local et je connais la capacité d'adaptation et la polyvalence des sapeurs-pompiers, qu'ils soient professionnels ou volontaires. Je suis pourtant impressionné par la manière exceptionnelle dont ils ont réagi à cette crise. Je sais que leur engagement est total. Par exemple, dans de nombreux départements, ils ont mis en place des structures intermédiaires d'accueil pour les patients atteints par le Covid-19.
Il est vrai qu'il reste quelques endroits en France où la coopération avec les SMUR se passe mal et où certains blocages sont apparus, mais, globalement, la situation est tout à fait satisfaisante, et les sapeurs-pompiers ont apporté un soutien puissant aux SMUR et aux SAMU.
La baisse du nombre d'accidents de la route a permis de dégager des moyens pour traiter l'épidémie. Les pompiers ont également apporté un renfort à la régulation des appels au 15. Je n'évoquerai pas ici la question du numéro unique d'urgence, mais cette crise nous permettra assurément de réaliser des retours d'expérience. Les pompiers ont également apporté leur appui à la réalisation de tests virologiques, en particulier dans les Ehpad, et ils se sont engagés de manière très significative dans les opérations de transfert de patients entre hôpitaux.
En ce qui concerne les équipements individuels de protection des sapeurs-pompiers, nous avons là aussi mis en place une doctrine et un dispositif d'accompagnement. Comme pour les policiers et les gendarmes, nous faisons appel au discernement des pompiers, qui savent quand et comment utiliser les équipements de protection. Le principe d'une mise à disposition de 50 masques par semaine et par centre a été fixé. Il revient aux SDIS d'équiper les forces, mais nous avons distribué 325 000 masques. Je n'ai pas eu connaissance d'incidents d'alimentation, mais j'ai donné instruction aux préfets d'être à la disposition des présidents ou des directeurs de SDIS afin de les aider en cas de « trou dans la raquette ».
J'ajoute que nous avons renforcé les moyens outre-mer, que ce soit en termes de gestion de crise ou de sécurité civile. Nous avons également projeté des moyens militaires sur place.
S'agissant de la reconnaissance comme maladie professionnelle, ma demande date de la semaine dernière. Par ailleurs, nous ne connaissons pas à ce stade le nombre des sapeurs-pompiers qui sont atteints du Covid-19.
Je réponds pour finir à la question de M. Kanner sur les risques de guet-apens. Ce n'est pas un phénomène nouveau ; les agressions de pompiers et de policiers surviennent fréquemment, mais, comme je le disais tout à l'heure, le niveau de tension n'est pas élevé en ce moment dans les quartiers. Depuis plusieurs mois, nous avons renforcé les dispositifs de cartographie, pour mieux évaluer le problème et y apporter des réponses adaptées. Généralement, ces guets-apens visent d'abord les policiers et les gendarmes, et les pompiers sont en quelque sorte des dommages collatéraux, ce qui est évidemment inadmissible et insupportable, parce que les pompiers sont là pour sauver des vies.