La question de la réindustrialisation des territoires et de la relocalisation de la chaîne de valeur va nécessairement se poser. Elle est d'ores et déjà à l'oeuvre, depuis le milieu des années 2010, mais plutôt au niveau des grandes régions du globe (Amérique, Asie, Europe...). Mais ce chantier immense doit être pensé, car la réindustrialisation du « monde d'après » ne ressemblera pas à l'industrie du « monde d'avant » : on ne parle pas forcément d'usines, mais surtout de technologies, de logiciels, d'énergie etc. L'organisation du travail doit aussi être repensée : si le besoin de grandes emprises physiques est moindre qu'auparavant, le développement du télétravail ainsi que la transition énergétique offrent en revanche des perspectives importantes aux territoires ruraux et périurbains, ainsi que l'a bien souligné Éric Charmes dans son récent essai La revanche des villages.
En tout état de cause, rien ne se fera sans un immense effort d'investissement public, si possible au niveau européen. Ceci pose la question du plan de relance qui est en préparation : en 2008-2009, il fallait dépenser vite, quitte à ne pas toujours dépenser bien - de nombreux ronds-points ont été construits... Les choses sont différentes aujourd'hui : la demande va repartir d'elle-même, c'est donc l'occasion de dépenser mieux. Par exemple, le nécessaire sauvetage d'Europcar pourrait être l'occasion de demander à cette entreprise de s'engager sur la voie de l'hybride et de l'électrique, ce qui doperait ensuite la filière européenne de batteries que la France et l'Allemagne souhaitent construire.