Intervention de Jérôme Bignon

Réunion du 22 avril 2020 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Gestion des autres maladies et prévention hors covid-19

Photo de Jérôme BignonJérôme Bignon :

Ma question s’adresse à M. le ministre des solidarités et de la santé.

Monsieur le ministre, alors que le confinement semble produire ses premiers effets et autorise un optimisme prudent, les professionnels de santé s’alarment de la désertification de leurs cabinets. Le directeur de la caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) a observé un recul de 40 % à 50 % de la consommation de soins, aussi bien en médecine générale que dans différentes spécialités. Vous l’avez vous-même souligné récemment.

La filière cancérologie est particulièrement touchée. Dans la Somme, aucun dépistage de cancer du sein n’a été réalisé depuis le début du confinement. De nombreux patients renoncent à se rendre aux urgences par peur de la contagion. Le président des chirurgiens de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) a observé une chute de 74 % des appendicectomies dans les établissements parisiens. Les victimes d’AVC ou d’infarctus, les malades du diabète et d’autres pathologies de longue durée comme les personnes atteintes de troubles psychiatriques voient leur état s’aggraver. De nombreux praticiens appellent à une réévaluation de l’urgence des soins déprogrammés

La rupture dans la continuité des soins est particulièrement dommageable pour les personnes âgées et/ou handicapées. Faute d’équipements de protection suffisants, les aides à domicile n’assurent plus les soins courants pour ces personnes. Dans les maternités, le dépistage néonatal réalisé au troisième jour après la naissance – il permet une prise en charge précoce de cinq maladies graves – est désorganisé faute de portage postal efficace. Des retards de vaccination sont aussi observés chez les nourrissons et les jeunes enfants.

Monsieur le ministre, une nouvelle vague de mortalité, différente, pourrait se dessiner. Pourriez-vous dresser un bilan de l’impact sanitaire du renoncement aux soins ?

Il existe par ailleurs un extraordinaire paradoxe, sur lequel j’aimerais connaître votre avis : nos compatriotes ne se soignent plus assez pour beaucoup de maux pourtant graves, mais ils se précipitent de façon déraisonnable, me semble-t-il, sur la nicotine à la moindre rumeur. Les personnes atteintes de diabète ou d’hypertension devraient se soigner, les vaccinations nécessaires devraient être réalisées, mais on préfère discuter de la nicotine… Y a-t-il un bénéfice à choisir ce nouveau sujet de conversation ?

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