Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, le projet de loi de finances rectificative (PLFR), dont nous sommes en train de débattre, est un projet en trompe-l’œil. Les montants annoncés sont gonflés par rapport à la réalité des crédits nouvellement mobilisés : ils s’élèvent non pas à 110 milliards d’euros, comme l’affirme le Gouvernement, mais seulement à 42 milliards d’euros.
Si l’on entre dans le détail des dépenses, et même si elles répondent en partie aux besoins des entreprises, le compte n’y est pas pour les plus modestes. Ayez en tête, monsieur le secrétaire d’État, la crise des « gilets jaunes », qui a témoigné de la fracture sociale de notre pays ! Ayez en tête, monsieur le secrétaire d’État, l’augmentation de la pauvreté, identifiée par l’Insee en ce début d’année, et qui va s’aggraver brutalement avec les pertes d’emploi, le chômage partiel et la disparition de l’entreprise.
Beaucoup trop de nos concitoyens sont laissés sur le bas-côté : nos étudiants, nos intérimaires, nos retraités, mais aussi les acteurs culturels, les organismes de solidarité – la liste est longue… Le financement, essentiellement par le déficit et la dette, ne fait que renvoyer la charge à demain en la lissant. Il est urgent que les plus aisés, fortement avantagés depuis le début de ce quinquennat, prennent leur part à l’effort national.
Alors même que la crise oblige à requestionner les paradigmes libéraux, le dogmatisme conduit le Gouvernement à préférer l’appel aux dons à la justice fiscale, le marché à la planification, l’incitation à la régulation.
Ce PLFR ne permet pas, aujourd’hui, de définir de grandes orientations par rapport à l’après, notamment sur les politiques écologiques et environnementales, qui doivent pourtant constituer une réponse aux causes de cette épidémie.
Il nous faut renforcer nos services publics sanitaires, mais pas seulement, notre souveraineté sanitaire et alimentaire, mais pas seulement. Il nous faut inventer un nouveau modèle de mondialisation ; notre pays a besoin d’un nouveau modèle économique, social, écologique. Cela se prépare dès maintenant, avec le Parlement, bien sûr, et en particulier avec cette assemblée.
N’ayez pas peur du débat démocratique, car il est seul à permettre de trouver les réponses innovantes et partagées à une situation jusque-là inconnue ! N’ayez pas peur du débat sur la sécurité sociale, qui doit plus que jamais être préservée ! Mettez en discussion un projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale, même si rien ne vous y oblige.
Ma question au Gouvernement est simple : quand vous engagerez-vous dans ces débats ? Le groupe socialiste et républicain, quant à lui, y est prêt !