Il n’est pas interdit de se poser des questions sur la manière de financer les dépenses que l’on engage, ni peut-être de s’interroger sur la manière dont les choses ont été faites depuis 2008.
À court terme, j’en conviens, monsieur le ministre, un certain nombre de chiffres allaient dans le bon sens. D’ailleurs, cela venait d’un peu plus loin, de 2013, de 2014 et de ce qui avait été engagé au cours du quinquennat précédent.
Toutefois, il faudrait aussi s’interroger globalement sur la stratégie de l’Union européenne et du monde occidental, qui financent la dette depuis dix ans grâce à des taux à zéro, mettant les États sous morphine. La conséquence, c’est la création monétaire, et l’argent va là où cela rapporte.
En pensant que ce phénomène est finalement indolore pour les États, nos banques centrales financent en réalité certaines économies en forte croissance. Si nous avons perdu de l’autonomie industrielle et stratégique depuis dix ans, c’est parce que l’argent de la création monétaire va, progressivement, dans les pays émergents.
Soyons vigilants sur cet aspect des choses. Certes, je comprends toutes les contraintes. Pour autant, si nous n’arrivons pas, comme avec ce qui a été engagé avec la taxe GAFA, à mettre en place une taxe sur le capital au niveau mondial, nous aurons un vrai problème concernant le maintien de l’autonomie stratégique de nos pays.
En effet, financer la dette en faisant en sorte qu’elle ne coûte pas cher, c’est bien sur le court terme. Mais, à long terme, cela change profondément la structure de nos économies et donne de la force à nos concurrents.