Intervention de Christian Cambon

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 28 avril 2020 : 1ère réunion
Audition de M. Pierre Razoux directeur de recherche à l'irsem sur le moyen-orient face à la crise sanitaire et géopolitique en téléconférence

Photo de Christian CambonChristian Cambon, président :

Nous auditionnons le professeur Pierre Razoux, directeur de recherche à l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire (IRSEM) et directeur associé de recherche à la Fondation méditerranéenne d'études stratégiques, sur les conséquences géopolitiques de la crise du Covid-19 au Moyen-Orient.

Nous vous remercions de vous être rendu disponible ; votre vision et votre compétence nous seront utiles. Notre commission porte une attention particulière au Proche et au Moyen-Orient, en raison du caractère stratégique de cette région du monde, mais aussi, malheureusement, du fait des crises et conflits qui l'agitent.

La crise sanitaire a constitué un choc pour cette région comme pour le reste du monde. Mais au-delà de son impact sanitaire, l'épidémie a-t-elle fait bouger ses équilibres fragiles ?

On pense bien sûr à l'Iran : durement touché par l'épidémie - beaucoup pensent que le nombre officiel de morts, déjà important, est très sous-évalué -, ce pays est toujours frappé par les sanctions internationales. La tension avec les États-Unis ne s'apaise pas, au contraire. Dans ce contexte, l'Iran a procédé au lancement d'un satellite militaire. Pensez-vous qu'il s'agit d'une victoire symbolique pour le régime iranien ? Sa gestion de la crise sanitaire a-t-elle fragilisé un régime déjà secoué par la destruction du vol commercial ukrainien ?

On pense aussi à Israël, où le blocage politique ne se serait sans doute pas dénoué sans la menace sanitaire. Le nouveau gouvernement de coalition entre le Likoud et Benny Gantz peut-il tenir dans la durée ? Que signifie-t-il pour le dossier explosif de l'annexion de la vallée du Jourdain ?

On pense bien sûr aussi à des pays dans une situation très précaire, Liban, Irak, Syrie : la crise sanitaire n'est-elle pas l'occasion pour Bachar al-Assad et ses soutiens d'accélérer la reprise en main du pays, alors que la communauté internationale est absorbée par la pandémie ?

On pense enfin au Yémen, vrai sujet d'inquiétude. La crise sanitaire peut-elle être l'occasion d'une sortie honorable pour la coalition, ou bien ne s'agira-t-il que d'une pause relative dans un pays soumis à des forces centrifuges toujours plus puissantes ?

Plus largement, l'effondrement des cours du pétrole doit-il être lu comme une menace pour les pays producteurs, ou bien illustre-t-il leur capacité à rester au centre du jeu du marché pétrolier et de conserver un moyen d'influence, si ce n'est de pression, face aux États-Unis, dont l'industrie pétrolière est fragilisée ?

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