Intervention de Philippe Bauer

Délégation aux collectivités territoriales — Réunion du 5 mars 2020 à 10h00
Table ronde « les communes face à l'inflation des prix de l'immobilier : quels moyens d'action pour réguler le marché ? »

Philippe Bauer, directeur des affaires publiques du groupe Expedia :

Merci Monsieur le Sénateur. Merci de nous avoir invités. Je suis directeur des affaires publiques pour Expedia et particulièrement pour la marque Abritel. J'interviens à la place du directeur général, qui n'a pas pu être présent aujourd'hui. Je m'exprime aussi pour l'Union nationale pour la promotion de la location de vacances (UNPLV), qui regroupe un certain nombre d'acteurs de la location meublée et certaines plates-formes, dont Airbnb et d'autres entreprises comme Tripadvisor, ainsi que des acteurs traditionnels, tels Clé Vacances ou Se loger Vacances.

La location meublée touristique de l'UNPLV n'est pas à l'origine des problèmes de logement des grandes villes en France, contrairement à ce que l'on peut entendre, notamment dans le cadre de la campagne pour les élections municipales. Cette allégation est un leurre pour cacher d'autres causes de l'inflation immobilière. Les plates-formes sont plus récentes que les tensions sur le marché du logement de certaines villes. La solution préconisée d'abaissement de la limite de 120 jours de location pour les résidences principales n'aurait par ailleurs aucun effet positif sur le prix du logement, puisqu'il s'agit de résidences principales.

Un point qui nous semble important est qu'il existe peu d'études sérieuses démontrant que la location meublée touristique est une cause sérieuse, avérée, significative de l'inflation immobilière. Nous disposons d'études étrangères, notamment menées en Espagne, montrant au contraire que la location meublée touristique n'a pas d'influence sur le prix de l'immobilier.

Pour autant, l'UNPLV ne nie pas que la location meublée ait donné lieu à certains abus. Pour cette raison, notre association a pris des engagements en juin 2018, dans le cadre de la négociation de la loi ELAN, auprès du ministre Julien Denormandie, pour lutter contre les spéculateurs immobiliers. Nous exigeons des utilisateurs qu'ils se catégorisent en résidence principale ou en résidence secondaire et nous bloquons le seuil pour les résidences principales à 120 jours par an. Un certain nombre de lois ont été adoptées depuis 2014 afin de permettre aux collectivités d'avoir des moyens de régulation de la location meublée touristique.

Cette réglementation n'a pas vocation à être utilisée par les villes qui ne sont pas situées en zone tendue, et qui bénéficient de l'attractivité des plates-formes de location meublée. Je pense à une solution préconisée à Paris concernant l'évaluation de la loi Montagne qui a souligné l'intérêt des plates-formes pour lutter contre les « lits froids et les volets clos ». La location meublée n'est pas une cause principale de l'augmentation du coût immobilier, étant donné que d'autres motifs sont avancés comme les taux d'intérêt bas et le manque de logements neufs.

L'UNPLV s'intéresse aux logements vacants, aux résidences secondaires ou « pieds à terre » qui n'ont pas la possibilité, dans des villes comme Paris, de faire de la location meublée étant donné que la règle de changement d'usage est très restrictive. Celle-ci permet en fait uniquement à des multipropriétaires très riches de proposer de la location meublée avec de la résidence secondaire.

Le dispositif de bail mobilité introduit par la loi ELAN de 2018 permet d'optimiser le parc de logements vacants, dans lesquels les gens continuent d'habiter. Ce dispositif n'est pas encore très connu. Les plates-formes éprouvent des difficultés à mesurer son succès. En revanche, nous pensons que ce dispositif intéressant devrait être ouvert à d'autres catégories de population, et bénéficier de mesures de promotion. C'est ce que font les membres de notre association sur leurs plates-formes. Voilà ce que je voulais dire. Juliette Langlais complètera mon propos.

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