Intervention de Michel Mouillart

Délégation aux collectivités territoriales — Réunion du 5 mars 2020 à 10h00
Table ronde « les communes face à l'inflation des prix de l'immobilier : quels moyens d'action pour réguler le marché ? »

Michel Mouillart, économiste, spécialiste de l'immobilier :

Ce n'est pas seulement lié à cette situation : voyons ce qui se passe à Saint-Ouen ou à Saint-Denis. Je partage votre réflexion, Monsieur le Sénateur. Nous avons abandonné cette nécessaire préoccupation d'une demande très forte pour très longtemps. Le parc de logement que nous transmettrons à nos petits-enfants posera problème si nous abandonnons des objectifs ambitieux de construction. Si nous voulons contrôler l'évolution des valeurs locatives ou à l'achat, le parc immobilier doit être d'une taille suffisante.

En ce qui concerne les logements vacants, ce sujet est très ancien. Un premier article de Friedrich Engels est paru sur ce sujet en 1872. Depuis la publication du recensement de 1968, tous les ministres du Logement se sont préoccupés de cette question. Michel d'Ornano a le premier tenté de comprendre les raisons de l'explosion de la vacance immobilière. Les articles publiés en 1979 tiennent le même propos que ceux de 2018 : la vacance concerne principalement les zones économiques délaissées. En dehors de ces zones, il y a une vacance de produits en cours de travaux et de mutation. Un rythme de construction très élevé accroît la vacance.

La question de la vacance aujourd'hui ressemble en tout point à ce qui avait été identifié en 1968 à partir des données du recensement. Il est positif de mettre en place des dispositifs portant le nom d'un ministre, mais ils ne permettront pas de résoudre les problèmes.

Je suis perturbé : lorsque je vois la manière dont les SCOT dénaturent les possibilités d'accueil des nouvelles populations, je pense que nous allons vers un problème très important de manque de logement. Le parc immobilier des villes reconstruites, Caen, Brest, etc. n'est pas adapté aux exigences de la demande nouvelle. Lorsque nous avons des immeubles à 4 ou 5 étages sans ascenseur, nous accueillons des étudiants. Les centres-villes périclitent. Il n'est pas possible de redynamiser le centre étant donné que l'étudiant n'a pas de pouvoir d'achat. Une redynamisation suppose de restructurer fortement les centres-villes.

Se pose également la question des copropriétés ; certains copropriétaires n'ont pas les moyens de prendre en charge la revitalisation, et les collectivités locales ne peuvent plus bénéficier des moyens publics. Je ne parlerai pas des errements dramatiques de l'Agence nationale de l'habitat (ANAH), mais nous sommes bien confrontés à un problème de reconquête des centres, tant dans les bourgs que dans les grandes agglomérations.

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