Monsieur Giraud, je tiens à vous remercier de vos propos, qui nous sont très précieux.
Je suis avec intérêt vos travaux et vos propositions, qui ont le mérite de ne pas tomber dans une vision reposant sur la décroissance, et d'esquisser ce que pourrait être une économie post-croissance. Comme vous, je pense que le chantier de la reconstruction doit concerner la rénovation du bâti, la mobilité verte, le fret ferroviaire, le réaménagement des territoires en faveur du développement des circuits agroécologiques courts, ainsi que la relocalisation d'une partie de notre industrie.
Selon vous, la politique monétaire menée par la BCE ne peut pas tout assumer. En effet, elle sert davantage les banques que l'économie réelle. Par ailleurs, il faut annuler la partie des dettes publiques détenue par la BCE pour permettre le financement de la transition écologique et relancer l'emploi. Dans quelle mesure une telle proposition peut-elle être crédible, alors que la Cour suprême allemande remet en cause le programme anticrise de la BCE ? Estimez-vous que, en l'absence d'une telle politique, notre continent est exposé à un risque de déflation dans les années qui viennent ?
Pour ma part, je suis favorable à un prix plancher au sein du marché européen du carbone, ainsi qu'à la mise en place d'une taxe carbone aux frontières. Je suis également convaincu de la nécessité de faciliter les investissements verts, en permettant de les extraire du champ du pacte de stabilité et de croissance. La remise en cause de la discipline budgétaire pourrait-elle, selon vous, conduire à une telle position ? Enfin, pensez-vous, à l'instar de Christian Gollier, que le green?deal pour une Europe décarbonée soit forcément condamné ?