Monsieur le sénateur Raison, je vous remercie d’avoir pris l’initiative de ce débat important compte tenu de ce que représente le secteur du tourisme pour l’ensemble de notre pays. Je pense que nous en sommes tous convaincus – il est heureux qu’il y ait une prise de conscience collective –, il s’agit d’un organe vital de notre économie. Il n’est qu’à voir le poids du tourisme : 7 % à 8 % du PIB et 170 milliards d’euros de recettes annuelles. Bien plus, dans un certain nombre de nos territoires, le tourisme est un moteur, un pilier, qui peut représenter 15 %, 20 % ou 30 % de l’économie locale.
Le tourisme est également une composante de l’âme française. Nous avons en effet affaire à des passionnés, à des femmes et des hommes engagés. Dans la restauration, par exemple, certaines maisons se transmettent de génération en génération ; les parcs de loisirs ou les parcs à thème sont le fruit de formidables initiatives avec, au départ, une idée de génie et, derrière, un essor grâce à tous les collaborateurs qui développent ce type de produit : en disant cela, j’ai notamment en tête le zoo de Beauval ou le parc du Puy du Fou, mais nous en avons tous sur nos territoires, et je veux saluer cette part du génie français.
Le secteur du tourisme a été frappé de façon brutale, massive, de plein fouet. Il faut garder à l’esprit que chaque mois d’inactivité lié au confinement strict a représenté 10 milliards à 15 milliards d’euros de pertes de recettes. C’est colossal ! C’est pourquoi, dès le 24 avril, le Président de la République, recevant un certain nombre de représentants du secteur, notamment le bureau du comité de filière tourisme, a appelé à faire du tourisme une priorité nationale et a déclenché la préparation d’un plan de sauvetage, qui s’est traduit, la semaine dernière, lors du CIT, par l’annonce de dispositifs non seulement de soutien pour faire face à l’urgence, mais également de reprise pour accompagner la relance, sans oublier de penser au moyen et long terme pour la reconquête. En effet, rien ne garantit à vie à la France cette place de numéro un sur le podium mondial en matière d’attractivité touristique : de nombreuses destinations ont émergé depuis quinze à vingt ans, et, face à ce phénomène, il nous faut plus que jamais aider les acteurs dans les investissements et la transformation.
Ce plan de sauvetage massif permet de donner de la visibilité à un certain nombre de dispositifs : l’activité partielle et le fonds de solidarité se poursuivront jusqu’à la fin de l’année 2020, car nous savons que la reprise se fera sur des jauges qui seront forcément différentes de celles que nous avons connues à l’entrée de la crise, compte tenu de l’application des protocoles sanitaires. Il en est de même pour l’exonération de charges sociales.
La question des périmètres a également été évoquée, monsieur le sénateur. Je tiens à vous indiquer que nous continuons d’y travailler et que la liste sera soumise au Parlement lors de l’examen du PLFR 3. Je veux d’ores et déjà rassurer un certain nombre de secteurs. Nous avons fait en sorte que des secteurs qui sont annexes ou connexes, mais qui dépendent parfois de façon importante du secteur du tourisme, puissent bénéficier de ces exonérations, dès lors que ces structures peuvent prouver une perte de chiffre d’affaires significative. C’est le cas pour les grossistes en boissons ; ce sera le cas pour la blanchisserie qui est liée à ce secteur ; les bus et les transports de voyageurs touristiques seront également concernés.
Le travail se poursuit, et c’est plutôt bon signe : cela signifie que nous accomplissons un travail de dentellière et que nous essayons de raccrocher au maximum tous les acteurs économiques qui nous signalent subir l’impact de cette crise économique consécutive à la crise épidémique.
Il faut également commencer à préparer la reprise et la réouverture, une fois le temps du sauvetage passé. Depuis le 11 mai, une première offre touristique et culturelle de proximité est d’ores et déjà relancée, avec la réouverture d’un certain nombre de musées et de monuments. Vendredi dernier, j’étais dans le département du Loiret. À Orléans, le musée des beaux-arts a rouvert. Si vous vous trouvez dans ce rayon de cent kilomètres, je vous incite à le visiter : il renferme un certain nombre d’œuvres tout à fait remarquables. Nombre de jardins rouvrent également dans les départements verts.
Une deuxième offre va bientôt devenir possible : nous sommes en train de travailler avec la mission Castex aux modalités de réouverture, à partir du 2 juin, de nouvelles activités. Le calendrier dépendra naturellement de l’évolution de l’épidémie. Nous avions besoin de ce recul de quinze à vingt jours pour préparer ces décisions.
La date du 2 juin sera également un jalon majeur dans le retour à une activité la plus normale possible. Je veux saluer les professionnels de toutes les filières qui se sont engagés dans la préparation de ces protocoles sanitaires, qui permettent de rassurer à la fois les salariés et les clients, ce qui est capital.
La troisième offre sera encore plus complète pour les vacances d’été. Le signal a été donné jeudi dernier. Les mois de juillet et août permettront aux Français de partir en vacances et de s’oxygéner en France, que ce soit en métropole ou outre-mer, après ces moments un peu traumatiques. D’ores et déjà, tous les professionnels me font part d’une sorte de déclic psychologique : depuis jeudi, les demandes d’information et les réservations augmentent de façon significative ; tous peuvent en attester.
Enfin, il convient aussi de travailler à la reconquête. Comme je le soulignais, pour un certain nombre d’infrastructures, il est nécessaire d’accélérer les investissements. Telle sera la finalité d’un certain nombre de feuilles de route, soit par filière, soit par territoire, lesquelles permettront d’accélérer les investissements pour un tourisme plus durable, pour la prise en compte du fait digital, pour maintenir la valeur ajoutée des acteurs.
Voilà qui va donner du travail au comité de filière, avec tous les territoires, d’ici à la fin de l’année, avec un point d’étape au mois de juillet.
Je crois qu’il est important de mettre toutes nos forces pour que la France reste la première destination, même s’il faut une répartition harmonieuse des flux – je reprends un terme que vous avez employé, monsieur le sénateur. Aujourd’hui, il y a une forte concentration, mais nous sommes à un moment où les gens réfléchissent au sens qu’ils mettent derrière le voyage : changer de rythme et de cadre, ce n’est pas toujours être tous au même endroit au même moment, c’est bien redécouvrir tous ces joyaux qui font la France.